Morne anniversaire. Ce jeudi 1er juillet, Jean Castex recevait des responsables du monde associatif, comme Emmaüs et La Banque alimentaire, pour commémorer les 120 ans de la loi de 1901. Cela alors que ce mouvement qui maille le territoire, depuis la petite association de théâtre paramunicipale jusqu’aux grosses machines employant des milliers de salariés, a été touché de plein fouet par la crise. Pas moins de 40% des associations se déclaraient encore à l’arrêt au printemps, selon une enquête menée conjointement par le secteur et le gouvernement. Et 76% des sondés reconnaissent que leurs finances ont tangué dans la tourmente, par manque de revenus et de cotisations. « De nombreuses structures sont aujourd’hui très fragiles », pointe Frédérique Pfrunder, déléguée générale du Mouvement associatif, qui regroupe 700.000 associations. Or, les enjeux économiques sont de premier ordre: les « associations employeuses » (celles qui ne reposent pas que sur des bénévoles) étaient au nombre de 157.500 en 2019, pour un effectif de 1,8 million personnes, soit près de 10% des effectifs du secteur privé.
Emblématique du mouvement associatif, l’UCPA, qui emploie, en rythme saisonnier, pas moins de 12.000 personnes par an, a ainsi vu son activité chuter de 40% en 2020, soit un manque à gagner de 100 millions d’euros. Et
Aides multiformes
Dans ce contexte, le gouvernement insiste sur l’aide massive dégagée pour le secteur. Quelque 6.300 associations ont contracté des Prêts garantis par l’Etat auprès de leur banque, pour un total de 2 milliards d’euros –montant qui reste toutefois faible au regard des 130 milliards distribués à l’ensemble des entreprises. « De janvier à fin mai 2021, 500 millions d’euros d’aides ont été versés aux associations, issus du fonds de solidarité mis en place par le gouvernement », annonce également Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire. Les montants de ces subventions se sont accrues de 160% au cours de cette période, par rapport à la fin 2020. Et au total, ce sont 24.000 associations qui ont été soutenues. En outre, le guichet d’aide aux petites associations, baptisé UrgencESS et doté de 30 millions d’euros, reste ouvert jusqu’au 31 juillet, alors que l’enveloppe devait être dépensée au 30 juin. « Avec l’ensemble de ces mesures, nous avons préservé 10.000 emplois », affirme Olivia Grégoire.
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L’augmentation récente des demandes de subvention et le maintien du guichet d’aide soulignent toutefois, en creux, combien les associations ont eu du mal à s’insérer dans les dispositifs gouvernementaux. « Au printemps de l’année dernière, il y avait clairement un problème de recours à l’ensemble des aides, explique la secrétaire d’Etat, nommée elle-même en juillet 2020. Mais nous avons tout mis en œuvre pour communiquer, expliquer et accompagner ces acteurs, avec un vrai succès au regard des derniers chiffres. »
Le gouvernement espère, du même coup, tourner la page de quelques chamailleries entre les associations et l’administration. Car en coulisse, certains responsables ont la dent dure contre un monde associatif qui manquerait trop souvent de rigueur et de réactivité. Quand leurs dirigeants ne sont pas accusés de ne guère savoir compter pour élaborer leurs budgets. « Le démarrage a été compliqué, reconnaît Frédérique Pfrunder. Mais les obstacles venaient de certaines administrations, qui assuraient aux demandeurs que les aides concernaient uniquement les entreprises privées classiques. Une information inexacte qui a découragé bien des responsables associatifs. » En outre, pour compléter les dossiers, certaines demandes sont apparues complexes, voire décalées. « Une petite bibliothèque de quartier, dont les revenus proviennent en bonne partie d’une kermesse annuelle, ne dispose pas d’un directeur financier pour fournir un plan de trésorerie », remarque Frédérique Pfrunder.
Rentrée décisive
Si ces difficultés ont été aplanies, des interrogations demeurent. Techniques et financières en premier lieu. L’UCPA par exemple parviendra à effacer la moitié de ses pertes grâce aux aides. « Mais comment faire avec la deuxième partie de ces pertes?, s’interroge Guillaume Légaut. Les associations, contrairement aux entreprises, ne peuvent solliciter leurs actionnaires pour accroître leurs fonds propres. Il faut donc réfléchir à des systèmes d’aides publiques adaptés. » Bpifrance planche déjà sur une dynamisation et un élargissement des dispositifs de titres associatifs, avec un recours aux finances de la Caisse des dépôts. « Et nous ferons des propositions sur ces sujets », promet Olivia Grégoire.
L’autre interrogation porte plus largement sur le monde associatif d’après. Selon l’enquête menée auprès du mouvement associatif, la moitié des sondés redoutent un manque de bénévoles à la reprise des activités. Et les dirigeants sont tout aussi nombreux à craindre que les adhérents ne reprennent pas le chemin de leurs associations. Ils pourraient notamment hésiter avant de renouveler des cotisations pour lesquelles ils n’ont pas eu de remboursement, malgré l’arrêt des activités. Le secteur envisage de lancer une campagne de communication, à l’image de celle déjà organisée par la Fédération de badminton, afin de battre le rappel dès septembre. Car la rentrée sera décisive pour le secteur.
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