Le président chinois Xi Jinping a salué jeudi le « nouveau monde » créé par le peuple chinois à l’occasion d’une cérémonie organisée à Pékin pour célébrer le centenaire de la création du Parti communiste.
Le Parti communiste chinois se rend hommage sur la place Tiananmen. C’est un président Xi Jinping triomphant qui a vanté, jeudi 1er juillet, l’essor « irréversible » de la Chine, jadis colonisée et désormais deuxième puissance mondiale. Son discours a été prononcé à l’occasion des célébrations du centenaire du Parti, adressé en filigrane à l’Occident.
« Le temps où le peuple chinois pouvait être foulé aux pieds, où il souffrait et était opprimé, est à jamais révolu », a-t-il lancé depuis la porte Tiananmen à Pékin, d’où son lointain prédécesseur Mao Tsé-toung proclama la République populaire en 1949.
Après des allusions aux guerres de l’Opium, au colonialisme occidental et à l’invasion japonaise, Xi Jinping a loué le Parti communiste chinois (PCC) pour avoir permis l’augmentation du niveau de vie et restauré la fierté nationale.
« Le peuple chinois s’est levé », a-t-il proclamé devant une foule de jeunes et de membres du Parti réunis sur la place Tiananmen, célébrant la sortie de centaines de millions de personnes de l’extrême pauvreté en quelques décennies.
« La grande renaissance de la nation chinoise est entrée dans un processus historique irréversible », s’est-il félicité, adressant ainsi un signal à Washington, qui décrit régulièrement Pékin comme un rival politique et économique.
Fondé par une poignée d’intellectuels en juillet 1921 dans une Shanghai encore divisée en concessions étrangères, le PCC dirige sans partage la Chine, qu’il entend continuer à imposer sur la scène internationale.
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Jeudi matin, 100 coups de canon ont été tirés depuis la place Tiananmen. La patrouille acrobatique de l’armée de l’air a survolé Pékin, y traçant des gerbes colorées rouges, jaunes et bleues.
Des hélicoptères ont formé le chiffre « 100 » dans le ciel pékinois, tandis que d’autres portaient un drapeau du Parti – faucille et marteau jaunes sur fond rouge.
De nombreux Chinois ont pris le spectacle aérien en photo avec leurs smartphones.
Campagne de propagande
« C’est grâce au Parti qu’on a une telle société et que (le pays) a pu se développer rapidement. On doit le remercier », a affirmé à l’AFP un étudiant de 19 ans, Li Luhao, présent sur la place Tiananmen.
« Quand j’étais petit, il y avait des coupures de courant chaque nuit », a déclaré M. Wang, un Pékinois. « Nourriture, vêtements, éducation, transports… Tout est mieux aujourd’hui », détaille-t-il, mettant cela au crédit du PCC.
Le centenaire du Parti fait l’objet depuis des mois d’une intense campagne de propagande. Lundi, un grand spectacle à la nord-coréenne a été organisé au stade olympique de Pékin, relatant la révolution chinoise ou encore la maîtrise du Covid-19.
Les médias officiels mettent cette victoire contre l’épidémie au crédit du système autoritaire en vigueur, par contraste avec le chaos épidémique des démocraties occidentales.
Rares sont les voix qui s’élèvent pour contester le bilan du régime, lequel a accru sa répression de la dissidence sous Xi Jinping, arrivé fin 2012 à la tête du Parti – et donc du pays.
« L’anniversaire est une façon de célébrer le fait que la Chine a échappé au sort des partis communistes d’Europe de l’Est et d’Union soviétique, qui se sont effondrés après la Guerre froide », observe Wu Qiang, ex-professeur de science politique à la prestigieuse Université Tsinghua de Pékin, démis en 2015 après avoir soutenu la contestation à Hong Kong.
Le PCC « cherche à lier sa survie à celle de la Chine et du peuple chinois, afin d’établir sa légitimité historique au profit des futurs dirigeants » du pays, estime-t-il.
Image dégradée à l’étranger
Sans surprise, les dizaines de millions de morts des campagnes hasardeuses de Mao, du Grand bond en avant (1958) à la Révolution culturelle (1966), ne sont pas abordés à l’occasion des célébrations.
Fort d’une croissance phénoménale durant les 40 dernières années, le PCC peut s’enorgueillir d’avoir tiré le pays du sous-développement. Mais les dirigeants doivent faire face au ralentissement économique mondial, aux défis climatiques et au vieillissement de la population.
À l’échelle internationale, entre Covid, traitement des Ouïghours et menaces contre Taïwan, l’image de la Chine s’est dégradée dans nombre de pays occidentaux, selon une étude publiée mercredi par le centre de recherche américain Pew.
Les célébrations du centenaire surviennent aussi un an après l’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, laquelle a considérablement réduit l’opposition politique dans l’ex-colonie britannique.
La semaine dernière, le principal titre pro-démocratie hongkongais, le quotidien Apple Daily, a été contraint de fermer après le gel de ses actifs.
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Jeudi marque également le 24e anniversaire de la rétrocession du territoire à la Chine – une date qui fait habituellement l’objet de manifestations anti-Pékin.
La police hongkongaise a interdit cette année tout rassemblement au nom du Covid. Elle mobilise 10 000 hommes pour faire respecter l’interdiction, selon les médias locaux.
« Que le PCC aille au diable », a déclaré à l’AFP un Hongkongais prénommé Ken. « Tout ce qui est bien, il le détruit ».
Avec AFP
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