L’ancien premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, architecte de l’accord de normalisation avec les Emirats arabes unis (EAU), en rêvait. C’est son rival, Yaïr Lapid, qui figure sur la photo prise mardi 29 juin à l’aéroport d’Abou Dhabi. Le tout nouveau ministre des affaires étrangères est le premier membre d’un gouvernement israélien à fouler le sol émirati dans le cadre d’une visite officielle – mais il sait à qui il le doit. « Ce moment est le sien [celui de M. Nétanyahou], tout autant que le nôtre », a-t-il déclaré en inaugurant l’ambassade israélienne à Abou Dhabi, la première dans un pays du Golfe. Le 13 août 2020, Benyamin Nétanyahou annonçait un accord de normalisation avec les EAU, parrainé par les Etats-Unis de Donald Trump. Trois autres suivront, avec Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
L’ex-chef du gouvernement avait ensuite tenté quatre fois d’organiser une visite officielle pour finaliser ce partenariat – en vain. Le dernier essai, juste avant les législatives israéliennes de mars, avait capoté après que la Jordanie a refusé de laisser l’avion du premier ministre traverser ses cieux. Dix mois se sont écoulés depuis l’accord, les Emirats ont envoyé un ambassadeur à Tel-Aviv mais Israël, rongé pendant des mois par une crise politique qui a stoppé net toute nouvelle nomination d’ambassadeurs, n’a pour l’instant qu’un chargé d’affaires à Abou Dhabi.
La normalisation « n’avance pas aussi facilement que nous l’espérions, observe Moran Zaga, chercheuse à l’université de Haïfa, spécialiste des EAU. La visite de Yaïr Lapid devrait aider à lever certaines barrières qui font encore obstacle », notamment pour des accords bilatéraux autour de l’éducation, de la sécurité ou de l’agriculture. Selon elle, pourtant, la relation entre les EAU et Israël ne se résume pas au douzième accord économique signé mardi soir ou à la perception commune d’une menace iranienne. Elle s’articule autour de la place qu’entendent occuper les deux pays dans un Moyen-Orient « où les puissances internationales reculent ».
Moins clivant
« Yaïr Lapid essaie de réhabiliter la relation avec les démocrates américains car il sait que, dans la région, sa faculté à promouvoir Israël comme un atout pour des pays comme les Emirats arabes unis dépend en partie de sa capacité à démontrer que l’Etat hébreu entretient un lien très étroit avec les Etats-Unis », explique Sarah Feuer de l’Institute for National Security Studies. D’ailleurs, juste avant de s’envoler pour Abou Dhabi, Yaïr Lapid a rencontré à Rome des responsables bahreïnis et surtout le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. Washington a laissé entendre que les accords de normalisation signés à l’automne 2020 « obligeaient [Israël] à faire un effort avec les Palestiniens », a rapporté, mardi, le ministre des affaires étrangères israélien lors d’un briefing avec des journalistes.
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