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En imagesNé à Londres, le photographe a longtemps fait peu de cas de ses origines indiennes. Mais l’approche de ses 50 ans et le Brexit l’ont amené à se demander ce qu’aurait été sa vie s’il était venu au monde en Inde.
C’est l’histoire d’un petit garçon qui ne voulait pas parler la langue de ses parents. « J’ai été envoyé dans une école gujarati à Londres, mais je n’ai tenu qu’un mois », se souvient-il. Le même petit garçon traînait les pieds à chaque fois que ses parents l’emmenaient voir leur famille à Bombay. « Je n’étais vraiment pas à l’aise. Adolescent, j’avais même un complexe de supériorité quand j’y allais, et je rejetais activement l’idée que j’étais indien. »
Kalpesh Lathigra est né à Londres en 1971, il y a toujours habité et se considère comme un Occidental. Certes, ses parents étaient des Indiens passés par l’Afrique de l’Empire britannique (son père par le Kenya, sa mère par Zanzibar) avant de rejoindre l’Angleterre à la décolonisation, mais lui était un Londonien de souche.
« Quand vous êtes né en Occident mais que vous êtes un immigré, vous cherchez en permanence l’équilibre. » Kalpesh Lathigra
Avec les copains qui venaient des Caraïbes, l’exotisme, c’était le grand large américain et le mouvement pour les droits civiques, pas les films bollywoodiens ingurgités en famille le dimanche après-midi sur le magnétoscope loué pour la journée. « Quand vous êtes né en Occident mais que vous êtes un immigré, vous cherchez en permanence l’équilibre », explique Kalpesh Lathigra.
Dans son esprit, sa première grande aventure à l’étranger, lui qui était pourtant allé en Inde à de nombreuses reprises, a été son voyage en ferry à Boulogne-sur-Mer avec les copains de l’East End de Londres. Devenu photographe de presse pour le quotidien britannique The Independent, « Kal », comme ses amis le surnomment, a ensuite sillonné la planète. Et même si, en 2003, il s’est lancé dans un projet visant à documenter la vie des veuves en Inde, il a toujours demandé, dans la mesure du possible, à ne pas être systématiquement envoyé là-bas. Pas question de devenir le photographe étiqueté indien, incapable d’échapper à ses gènes.
Puis le temps a fait son travail. Le photographe a aujourd’hui presque 50 ans, une barbe grise et des enfants. Des moments difficiles au Royaume-Uni lui sont revenus. Enfant, Kalpesh Lathigra se sentait dans son élément à Londres, mais pas dans le reste de l’Angleterre, notamment dans les villages de bord de mer. « J’y ai vécu le racisme, les remarques désagréables et les regards insistants », raconte-t-il. Le Brexit, dit-il, a ravivé ces mauvais souvenirs.
La police l’a arrêté brièvement
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L’article Si j’étais né à Bombay ou la vie rêvée du photographe Kalpesh Lathigra est apparu en premier sur zimo news.