Chronique. Enfin ! Deux décennies après le lancement de la monnaie unique, le géant monétaire qu’est la zone euro a commencé à utiliser son potentiel financier : mardi 15 juin, la Commission européenne a emprunté sur les marchés financiers 20 milliards d’euros, à un taux de 0,086 %. C’est le premier pas du grand plan de relance paneuropéen de 750 milliards d’euros.
Pour la première fois, les Vingt-Sept utilisent l’immense privilège que leur offre leur taille économique, avec un embryon de budget commun. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, parle d’un « jour véritablement historique ». L’adjectif n’est pour une fois pas galvaudé.
Virage institutionnel
Il faut pourtant entamer ce virage institutionnel européen les yeux grands ouverts, en étant conscient des limites de ce plan : d’abord, il est lent et d’ampleur relativement limitée ; ensuite, il signifie un transfert de souveraineté vers Bruxelles, qu’il faudra assumer politiquement.
L’Union européenne (UE) avance à son rythme habituel. Le plan de relance a été approuvé dans la douleur à la suite d’un très long sommet européen en juillet 2020. Il a ensuite fallu le finaliser en décembre, puis le ratifier dans chacun des vingt-sept pays. C’est chose faite depuis fin mai.
Le déboursement sera lent lui aussi. Environ 13 % des fonds arriveront réellement dans les caisses des Etats cette année, suivis de 20 à 25 % par an jusqu’en 2024 et les derniers centimes attendront 2026 pour être versés. Rien à voir avec le plan de relance américain de 1 900 milliards de dollars (1 600 milliards d’euros), annoncé par le président américain Joe Biden en janvier, approuvé par le Congrès en mars et dont la quasi-intégralité aura été versée d’ici à l’automne. C’est le double du plan européen, versé en huit fois moins de temps.
Reconstruction à moyen terme des économies
Il ne faut cependant pas bouder son plaisir. L’UE n’est pas les Etats-Unis et le plan de relance n’a pas la même fonction. Les mesures d’urgence pendant la pandémie ont été assurées par chacun des vingt-sept Etats membres. Le « quoi qu’il en coûte » n’avait pas besoin de l’aide de la Commission européenne.
Le plan paneuropéen vise à la reconstruction à moyen terme des économies. Les priorités sont données à des secteurs d’avenir : la numérisation (développement de la fibre optique, numérisation des administrations, développement du cloud…) et la transition écologique (énergies renouvelables, isolation des logements, transports décarbonés…).
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