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Albin Kurti : « Quand la Serbie sera-t-elle prête à reconnaître le Kosovo ? »

Le président français Emmanuel Macron accueille le premier ministre du Kosovo Albin Kurti (à droite) avant une réunion à l’Elysée, à Paris, le 23 juin 2021. LUDOVIC MARIN / AFP

Le premier ministre kosovar, Albin Kurti, a effectué, mercredi 23 juin, sa première visite en France. M. Kurti est un ancien activiste de l’aile politique de la guérilla kosovare, l’Armée de libération du Kosovo (UCK), qui fut, à l’époque de la guerre du Kosovo, détenu deux ans en Serbie. Il a ensuite créé le mouvement Vetëvendosje (Autodétermination), au programme révolutionnaire, et il est devenu un farouche opposant des « gouvernements des commandants de l’UCK » successifs. Albin Kurti se présente aujourd’hui comme un social-démocrate, et a été élu sur un programme de lutte contre le chômage, la corruption et le crime organisé. Après un bref premier passage au poste de premier ministre en 2020, son mouvement a nettement remporté les législatives de mars, et il est revenu à la tête du gouvernement le 22 mars. Treize ans après la déclaration d’indépendance du Kosovo, sa priorité diplomatique est d’obtenir une reconnaissance de la Serbie, ce que Belgrade a toujours refusé depuis le conflit.

Vous venez de rencontrer pour la première fois le président de Serbie, Aleksandar Vucic, à Bruxelles. Quelle fut votre impression ?

C’est une première rencontre, pour un dialogue futur. Ce ne fut pas facile, mais constructif. J’ai insisté sur le fait qu’il ne faut rien cacher sous le tapis, c’est-à-dire qu’il faut aborder franchement la question de la reconnaissance mutuelle entre le Kosovo et la Serbie. Nous avons tous besoin de cette reconnaissance mutuelle. M. Vucic a répondu qu’il ne reconnaîtrait jamais le Kosovo. Ne pas accepter la réalité d’un côté, ni la vérité d’un autre côté, vient de la même logique. La Serbie devrait maintenant prendre ses distances avec l’époque de [Slobodan] Milosevic, qui a commencé avec un apartheid et a fini avec un génocide au Kosovo. Les dirigeants de Serbie doivent rompre avec l’héritage de Milosevic.

L’indépendance du Kosovo a treize ans. Nous ne pouvons pas avoir des discussions comme avant 2008. Depuis la décision de la Cour internationale de justice en 2010, qui a validé le fait que la déclaration d’indépendance du Kosovo n’a pas violé de loi internationale, ce débat est clos. Je ne discuterai pas du statut du Kosovo, c’est une affaire réglée. Le seul sujet aujourd’hui est la relation entre le Kosovo et la Serbie. Vucic devrait le comprendre. Or Vucic considère toujours le Kosovo comme étant un territoire que la Serbie doit reconquérir un jour, sans aucune considération pour son peuple, ses citoyens. La Serbie doit affronter son passé, et se démocratiser.

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