Le match Allemagne-Hongrie (2-2) s’est déroulé sous haute tension, mercredi 23 juin, et pas seulement pour des raisons sportives. La veille, l’UEFA avait confirmé sa décision de ne pas autoriser l’Allianz Arena, le stade de Munich, à s’éclairer aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole du combat pour les droits de la communauté LGBT. Ce choix qui a déclenché une vive polémique à travers l’Europe. Cramponnée à son statut d’organisation apolitique, l’instance du football européen s’est retrouvée dans une position inconfortable en paraissant donner raison à Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a fait voter début juin une mesure interdisant « la promotion de l’homosexualité et du changement de genre auprès des mineurs » dans le cadre d’une série de lois contre la pédocriminalité.
« Soucieuse d’éviter une polémique, l’UEFA a décidé de botter en touche, affirmant ne pas faire de politique. Mais c’est impossible car le sport, et plus particulièrement le football, sont devenus profondément politiques », observe Jean-Baptiste Guégan, enseignant en histoire-géographie et géopolitique du sport. Or, si cette affaire a pris de l’ampleur, c’est aussi parce que des joueurs ont pris position, Antoine Griezmann le premier. Le joueur français a publié un tweet critiquant vertement la décision de l’UEFA. Et le scénario selon lequel les joueurs qui le souhaitent seront autorisés à porter un brassard arc-en-ciel lors des matchs, se profile. Une façon pour l’UEFA d’apaiser les tensions. Manuel Neuer, le capitaine allemand, le fait déjà et elle ne lui a rien dit.
Les tiraillements au sein de l’UEFA ne sont pas chose nouvelle. Composée de 55 fédérations nationales, l’organisation fait constamment le grand écart entre les pays qui la composent, aux vues parfois très éloignées. « Si la plupart ont des positions convergentes contre le racisme, ce n’est pas le cas dans la lutte contre l’homophobie, un combat auquel des pays comme la Russie, la Hongrie, la Pologne et, dans une moindre mesure, l’Italie, n’adhèrent pas ou peu », analyse l’universitaire Lukas Aubin, spécialiste de la Russie et du sport. L’UEFA a toujours cherché un point d’équilibre entre ses membres, mais cette position paraît de plus en plus intenable, car la Hongrie utilise délibérément l’Euro à des fins politiques.
« Orban savait parfaitement ce qu’il faisait »
« En faisant voter une loi à caractère homophobe juste avant le début d’une compétition aussi médiatique, alors que la Hongrie fait partie des pays organisateurs, Viktor Orban savait parfaitement ce qu’il faisait », estime M. Aubin. Pour ce chercheur, la Hongrie imite la Russie, qui avait fait voter une loi similaire un mois avant les Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. A l’image de Vladimir Poutine, Viktor Orban veut apparaître comme celui qui défend les valeurs d’un modèle de société traditionnelle, soi-disant menacées par la mondialisation et l’influence des pays occidentaux. En ce sens, la proposition du maire social-démocrate de Munich, Dieter Reiter, de parer l’Allianz Arena des couleurs de l’arc-en-ciel, a été une aubaine pour le dirigeant populiste, d’autant qu’elle a reçu le soutien du gouvernement allemand et de la Commission européenne.
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