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Un vaste projet d’extraction pétrolière menace la survie des éléphants d’Afrique

L’exploitation d’un gisement pétrolier situé entre le Botswana et la Namibie menacerait la survie de plusieurs dizaines de milliers d’éléphants, selon des associations de protection de la faune sauvage. Les forages, les installations et le trafic routier risqueraient de perturber les pachydermes, mais aussi de faciliter l’action des braconniers. Tour des enjeux avec 30millionsdamis.fr.

Leur vie ne vaut-elle pas davantage que de l’or (noir) ?! La compagnie pétrolière canadienne ReconAfrica évalue en ce moment même les richesses souterraines de la région frontalière entre la Namibie et le Botswana (sud du continent africain), en plein désert du Kalahari, dans l’objectif d’exploiter un vaste gisement d’hydrocarbures, rapporte le Guardian (20/06/2021). Un projet contre lequel s’insurgent des associations de protection de la faune sauvage.

Un tiers de la population totale d’éléphants mise en péril ?

« Il est incompréhensible que ReconAfrica continue sa chasse aux combustibles fossiles, s’indigne Rosemary Alles, de l’ONG internationale Global March for Rhinos and Elephants, citée par le Guardian. Moins de 450.000 éléphants subsistent en Afrique, contre plusieurs millions il n’y a pas si longtemps : 130.000 d’entre eux ont établi leur territoire dans cette région, et le projet illégitime de ReconAfrica les met directement en péril. » Ainsi, l’exploitation du gisement pétrolier menacerait près du tiers (28 %) de la population totale de l’espèce, classée « en danger d’extinction » par l’Union internationale pour la Conservation de la nature (UICN).

Le bassin du Kavango abriterait jusqu’à 120 milliards de barils de pétrole, soit l’un des plus vastes gisements au monde découvert ces dernières années. Selon le gouvernement namibien, seuls des forages « exploratoires » [pour évaluer la quantité et la répartition du pétrole, NDLR] seraient pour l’instant autorisés. « La campagne de forage a démarré en janvier 2021 », précise la compagnie pétrolière sur son site web, indiquant avoir déjà obtenu les permis pour inspecter près de 35.000 km² de terrain jusqu’en 2024. Une fois la présence de pétrole officiellement déclarée aux autorités, la firme pourrait alors exploiter cette zone à titre commercial pendant… les 25 prochaines années !

Des pachydermes dérangés par les vibrations et le trafic

« Chaque élément de ce processus – depuis les nouvelles routes jusqu’aux sites de forages, en passant par les raffineries et les terminaux (de distribution) – va dévaster l’écosystème et les communautés locales qui en dépendent pour l’agriculture et la pêche », dénonce Nnimmo Bassey, directeur de l’ONG africaine Health of Mother Earth Foundation, interrogé par le Guardian. Les éléphants seraient non seulement dérangés par les vibrations émises lors des forages mais également par le trafic routier. « Surtout lorsqu’ils ont des petits, ils évitent les zones où il y a de l’activité humaine, où il y a du bruit et ce qu’ils considèrent comme des sources de danger. Cela peut les écarter de leurs routes migratoires ancestrales et les rapprocher des villages et des champs, conduisant à davantage de conflits humains-éléphants », s’inquiète le défenseur de la faune.

 

Agissons pour protéger les habitats naturels et leur biodiversité, et laissons le carbone dans le sol.
Marta G. Rivera Ferre – membre du Giec

Les nouvelles routes créées pour transporter le matériel risqueraient par ailleurs de faciliter l’accès des braconniers à l’habitat des pachydermes. « Les pires effets des infrastructures surviennent typiquement lorsqu’un projet pénètre des habitats intacts, ouvrant la boîte de Pandore des perturbations telles que (…) le braconnage, explique le Pr William F. Laurance, chercheur à l’université James Cook en Australie, dans la revue Trends in Ecology and Evolution (2018). La prolifération des routes en Afrique centrale a permis aux braconniers d’ivoire de massacrer les deux tiers des éléphants de forêt [une espèce proche de l’éléphant de savane, classée en « danger critique d’extinction » par l’UICN, NDLR]. »

Comble de l’ironie, les futurs forages se situeront à proximité du lieu où avaient été retrouvés les cadavres de quelque 300 éléphants, dont le décès d’abord inexpliqué avait finalement été mis en lien avec la multiplication des cyanobactéries toxiques dans l’eau (21/09/2020). Une prolifération favorisée par le réchauffement climatique… qui lui-même ne pourra que s’accentuer si de nouveaux gisements d’hydrocarbures – tels que celui du Kavango – viennent à être exploités. « Le COVID-19 a montré que les gouvernements pouvaient écouter la science, affirme Marta G. Rivera Ferre, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), citée par l’ONG Fridays for Future. Alors que le monde commence à porter son attention sur la COP-26 [prévue début novembre 2021 à Glasgow, NDLR], agissons dès maintenant pour protéger les habitats naturels et leur biodiversité, et laissons le carbone dans le sol. » A bon entendeur… !

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