Publié le : 20/06/2021 – 07:14
Les bureaux de vote ont ouvert en Arménie dimanche pour des législatives anticipées opposant le Premier ministre Nikol Pachinian, en difficulté depuis la défaite du pays contre l’Azerbaïdjan, à l’ex-président Robert Kotcharian.
Les Arméniens votent, dimanche 20 juin, lors de législatives anticipées risquées pour le Premier ministre et qui pourraient déclencher des protestations après une campagne véhémente sur fond d’une récente défaite militaire.
L’ex-journaliste Nikol Pachinian, 46 ans, devenu en 2018 chef du gouvernement à la faveur d’une révolution pacifique contre les vieilles élites corrompues, affronte l’ex-président Robert Kotcharian, 66 ans, qui accuse son rival d’incompétence et se pose en dirigeant expérimenté.
La popularité record de Nikol Pachinian s’est effondrée après la déroute de l’Arménie lors d’une guerre contre l’Azerbaïdjan voisin à l’automne 2020. Après six semaines de combats ayant fait plus de 6500 morts, Erevan a dû céder d’importants territoires qu’elle contrôlait depuis un premier conflit dans les années 1990 pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une région sécessionniste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d’Arméniens.
Perçue comme une humiliation nationale, cette défaite a déclenché une crise politique en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives anticipées dans l’espoir de faire baisser la tension et de renforcer sa légitimité.
Malgré les réformes réalisées par le Premier ministre, nombre de ses anciens partisans l’ont lâché après le conflit au Nagorny Karabakh et se sont tournés vers ses adversaires, pourtant liés aux anciennes élites accusées d’avoir pillé le pays.
La menace de troubles
Face au risque d’une défaite électorale ou d’un score en demi-teinte, Nikol Pachinian a exhorté ses compatriotes à voter pour lui donner un « mandat d’acier ». « Les Arméniens voient qu’il y a des forces qui provoquent des affrontements politiques, une guerre civile », a-t-il encore lancé jeudi.
Aux derniers jours de la campagne, les deux rivaux ont effectué une démonstration de force en réunissant chacun une vingtaine de milliers de supporters sur la place centrale d’Erevan, la capitale de ce pays pauvre et montagneux.
« Le gouvernement n’est pas capable de résoudre nos problèmes actuels », a lancé vendredi devant ses partisans Robert Kotcharian, soupçonné de corruption par ses détracteurs après avoir dirigé cette ex-république soviétique de 1998 à 2008.
« Nous sommes une équipe qui, contrairement à l’administration politique actuelle, a de l’expérience, des connaissances, de la force et de la volonté », a-t-il assuré, mettant en garde contre des tentatives de « voler nos voix ».
La campagne électorale ayant montré une profonde division entre les deux principaux camps, de nombreux observateurs s’attendent à des protestations, voire à des émeutes après le scrutin.
Le président Armen Sarkissian a jugé inadmissible « d’inciter à la haine et l’inimité » et a appelé ses compatriotes à voter « justement et librement ». Environ 2,6 millions d’électeurs arméniens sont appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans au scrutin proportionnel. Ouvert à 04H00 GMT, les bureaux de vote fermeront 12 heures plus tard.
Si aucune majorité ou coalition majoritaire n’émerge dimanche, un second tour devra être organisé le 18 juillet entre les deux partis ayant obtenu le meilleur score.
Avec AFP
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