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Entre désillusion et colère, de nombreux Iraniens font le choix de l’abstention à la présidentielle

A Téhéran, le 16 juin 2021. MORTEZA NIKOUBAZL / AFP

« Certaines couches défavorisées de la société se plaignent à juste titre que leurs attentes n’ont pas été satisfaites ces dernières années. Ils ne veulent donc pas participer aux élections. (…) Mais ne pas participer aux élections ne résout pas le problème. Votez pour celui qui arrive à résoudre ces problèmes ! » Dans un tweet publié mercredi 16 juin au soir, le Guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, a exhorté les Iraniens à se rendre aux urnes, vendredi 18 juin pour y élire un nouveau président.

Annoncé à un niveau record, le taux d’abstention est l’enjeu du vote de vendredi. Le candidat conservateur et chef de l’appareil judiciaire, Ebrahim Raïssi, est promis à une victoire certaine. Selon le Centre pour les sondages des étudiants iraniens (ISNA), une agence semi-officielle, seulement 42 % des personnes interrogées le 16 juin ont déclaré qu’elles participeront « certainement » au scrutin. A la présidentielle de 2017, qui avait vu la réélection du modéré Hassan Rohani à un second mandat, la participation avait été de 73 %. Rencontrés dans plusieurs quartiers de Téhéran, les abstentionnistes revendiquent, eux, leur intention de ne pas voter comme un acte assumé. Entre colère et tristesse.

Dans une rue de l’est populaire de la ville, Shirine, 24 ans, châle coloré et caractère bien trempé, nous aurait éconduits si un vendeur de bibelots ne nous avait pas demandé de nous éloigner. « Venez, on va parler à côté », lance-t-elle, assez fort pour être entendue. « Mais, ajoute-t-elle, je n’ai pas grand-chose à dire à propos de l’élection. Je ne vote pas. »

« Nous ne sommes pas satisfaits du régime. C’est le cas de toute ma famille et de mes proches. Je ne les connais même pas, ces candidats. Et je ne tiens même pas à savoir qui ils sont, explique-t-elle. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’après chaque élection la situation empire. Le taux d’inflation, le chômage, l’insécurité, le harcèlement que subissent les femmes… Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps, vous savez », ajoute-t-elle. A quoi aspire-t-elle ? « Travailler. Je ne leur demande pas un travail, je veux qu’il y ait du travail. »

« Mon problème, c’est le régime »

Si Shirine aimerait travailler, Sohrab, assis sur un banc du parc Daneshjoo (« étudiant » en persan), non loin de l’université de Téhéran, aurait, lui, bien aimer étudier. Profitant de la fraîcheur du parc, à l’ombre protectrice des arbres, il désigne avec une moue triste des jeunes qui déambulent, sacs sur le dos, dans les allées. Lui a dû renoncer à ses études dès le lycée. La faute d’un accident de la vie aux conséquences irrémédiables dans une famille modeste : la mort de son père, il y a quelques années. Soutien de sa famille, il enchaîne, depuis, les petits boulots.

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