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Quatre Afghans condamnés à dix ans de prison pour l’incendie du camp de Moria à Lesbos

Les ruines du camp pour migrants et réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos, en Grèce, le 3 juin 2021, détruit par un incendie les 8 et 9 septembre 2020. ALKIS KONSTANTINIDIS / REUTERS

« Les autorités veulent faire porter le chapeau de la catastrophe de l’incendie du camp de Moria sur ces jeunes demandeurs d’asile ! », s’est indignée, devant le tribunal de Chios, Natasha Dailiani, l’une des avocates des quatre Afghans tout juste condamnés, samedi 12 juin, à dix ans de prison ferme pour « incendie volontaire ayant mis en danger des vies humaines » et « destructions de biens privés ».

Les 8 et 9 septembre 2020, deux feux successifs avaient ravagé Moria, le plus grand camp de migrants d’Europe, qui abritait alors près de 13 000 personnes, soit quatre fois sa capacité d’accueil. Aucune victime n’avait péri dans les flammes mais des milliers de réfugiés s’étaient retrouvés sans abri pendant plusieurs jours, bloqués par la police dans une partie de l’île pour éviter la propagation du coronavirus.

Quelques jours plus tard, des demandeurs d’asile afghans, soupçonnés d’avoir mis le feu pour protester contre la quarantaine imposée à certaines personnes détectées positives au Covid-19, étaient arrêtés par les forces de l’ordre. Le 15 septembre sur Twitter, le ministre des migrations grec, Notis Mitarachi, déclarait avant même qu’une décision de justice ne soit rendue : « Les incendiaires du camp de Moria sont détenus. »

Pour les avocats de la défense, « il est évident que la culpabilité des accusés a été déterminée avant même la tenue du procès. Le ministre à l’époque avait balayé d’un revers de manche le principe fondamental de la présomption d’innocence ».

Les avocats de la défense ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils feront appel de la décision de justice. « Nous allons voir dans quelles circonstances va se tenir le procès en Cour d’appel et, s’il le faut, nous irons jusqu’à la Cour européenne de justice pour que soit tenu procès équitable ! », a expliqué une des avocates des migrants, Vicky Aggelidou.

« Manque de preuves crédibles »

Durant les deux jours de procès consécutifs, les 11 et 12 juin, les audiences se sont tenues avec un nombre restreint de personnes, les autorités invoquant la nécessité de respecter les mesures sanitaires liées à l’épidémie de coronavirus. Plusieurs journalistes, une avocate du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et des observateurs internationaux ont été refoulés aux portes du tribunal.

Aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Trois des jeunes réfugiés n’avaient pas 18 ans au moment de leur arrestation, mais la Cour de justice de Chios n’en a pas tenu compte, selon les avocats de la défense. « Le seul témoin qui a identifié avec exactitude les accusés n’était pas présent au tribunal, et son témoignage écrit comporte plein d’inexactitudes », note également Natasha Dailiani.

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