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Marché de l’énergie: des offres mais certaines promesses non tenues

Rabais sur l’électricité ou le gaz, tarification « dynamique », offres vertes… Dans la jungle du marché de l’énergie, le consommateur risque de se perdre, sans forcément faire les bonnes affaires espérées ou aider l’essor des renouvelables.

La France, dont le marché est libéralisé, compte désormais une quarantaine de fournisseurs de toutes nationalités qui proposent environ une centaine d’offres aux particuliers.

Certains promettent plus de 15% de réduction par rapport au tarif réglementé… ce qui ne se traduit pas toujours sur les factures.

« Quand ils vous disent baisse de 10% du tarif, la seule chose qu’ils oublient de vous dire c’est que c’est une baisse de 10% sur la consommation », relève le Médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval, interrogé par l’AFP.

Or la consommation d’énergie ne pèse que pour un tiers de la facture finale, le reste représentant des taxes diverses et le coût d’acheminement, incompressibles, ainsi que l’abonnement. La ristourne est donc bien moindre au final.

« Il faut bien regarder ce que l’on vous propose », souligne Olivier Challan Belval, qui recommande d’utiliser le comparateurs d’offres officiel du Médiateur.

Les fournisseurs alternatifs, qui souvent ne produisent pas d’électricité ou de gaz mais se contentent de les commercialiser, se distinguent également peu entre eux, regrettent les associations de consommateurs.

« Ils ont peu de marge de manœuvre pour se différencier », observe François Carlier, délégué général de l’association des consommateurs CLCV.

« Il n’y a pas d’innovation de rupture comme il peut y en avoir dans les télécoms donc les différences sont très faibles », juge-t-il.

– « C’est un peu le bitcoin » –

Hypermarché Leclerc, le 13 janvier 2021 à Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. L’enseigne fait partie des fournisseurs alternatifs, qui souvent ne produisent pas d’électricité (AFP/Archives – LOIC VENANCE)

Le choix se complique encore avec l’arrivée en France des offres d’électricité à tarification dite « dynamique », récemment dénoncées par le chef de file de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Elles proposent des prix qui changent toutes les heures en fonction de l’évolution des prix sur les marchés de gros. Leur argument: profiter des baisses de prix.

Ces offres – qui supposent de disposer d’un compteur Linky – restent encore très marginales (avec le danois Barry, suivi par les supermarchés Leclerc) mais doivent se multiplier à l’avenir, en raison d’une directive européenne qui obligera tout gros fournisseur à en proposer.

« Je vois un risque pour le consommateur », met en garde le Médiateur de l’énergie.

« Les prix de l’électricité sur les marchés peuvent… augmenter très très fortement du jour au lendemain, parce qu’il y a une vague de froid ou une centrale de production d’électricité importante qui est en panne », rappelle-t-il.

« On est sur quelque chose de très risqué et volatil, c’est un peu le bitcoin », abonde François Carlier. Et il n’est pas toujours possible de déplacer sa consommation: « en soirée d’hiver, j’arrête de me chauffer? »

En Belgique, les autorités ont mis en garde sur la volatilité des prix: le prix moyen de l’électricité était ainsi en moyenne de 44,23 euros le MWh en septembre, mais avec une cotation horaire montant ponctuellement jusqu’à 200 euros…

– Offres vertes hétérogènes –

Enfin, le marché est marqué par la multiplication des offres dites « vertes », qui surfent sur les préoccupations environnementales des consommateurs.

Mais elles sont marquées par « une grande hétérogénéité » avec des promesses « pas toujours faciles à vérifier », remarque Brice Arnaud, économiste de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

Ces offres reposent bien souvent sur le système des « garanties d’origine », attestant simplement qu’une quantité équivalente d’électricité renouvelable à celle qui a été vendue au client a bien été injectée dans le réseau en Europe.

Ces garanties proviennent essentiellement d’installations hydrauliques déjà amorties, si bien que souscrire à ces offres ne garantit en rien d’aider la transition énergétique.

L’Ademe prépare un label, qui doit être disponible en septembre, pour aider le consommateur à faire le tri. Les offres labellisées garantiront que le fournisseur ne se contente pas de garanties d’origine mais achète aussi de l’électricité auprès d’un producteur d’énergies renouvelables.

Le niveau le plus élevé du label portera même sur des installations « sans soutien public », qui seront ainsi encouragées, précise Brice Arnaud.

« On espère que ce label, en mettant en avant ces offres là pourra justifier peut-être un prix plus élevé et entraîner un mouvement ».

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