Pertes et profits. Pas assez de bébés, trop d’argent, la Chine a des problèmes de riches. L’interventionnisme en plus. Lundi 31 mai, elle a pris deux décisions apparemment sans lien, mais qui traduisent une même inquiétude : celle de l’avenir de son économie et de son modèle. Le pays a enfin ouvert les vannes de la natalité en autorisant les familles de trois enfants, décision assortie d’un ensemble de mesures sociales supposées aider les familles nombreuses et avancer l’âge de départ à la retraite. La Chine a aussi, plus discrètement, tenté de freiner la hausse de sa monnaie en relevant le taux de réserve de change obligatoire pour les banques. En passant de 5 % à 7 %, ce ratio renchérit le coût de détention de devises étrangères (et particulièrement du dollar) pour les banques chinoises qui en détiennent près de 1 000 milliards dans leurs coffres.
L’idée est de faire baisser la pression sur sa monnaie en rendant plus chères les devises étrangères, et donc en limitant la liquidité qui permet d’utiliser ses dollars pour acheter du yuan. Une méthode plus sophistiquée et discrète qu’une pure dévaluation (comme en 2015), mais moins efficace aussi. C’est la première fois depuis trois ans que l’empire du Milieu use de ce stratagème, qui traduit la volonté, toujours intacte, du gouvernement de surveiller sa monnaie comme le lait sur le feu. Or, depuis un an, celle-ci s’est appréciée de plus de 11 %.
Surchauffe
Les analystes sondés par l’agence Bloomberg sont circonspects. Cette intervention n’aura selon eux qu’un effet très limité. Si la hausse continue de la monnaie chinoise ne se dément pas, ce n’est pas tant du fait de la spéculation que de la solidité de la reprise économique. Celle-là se traduit par un afflux spectaculaire de capitaux. En dépit des discours sur la fin de la mondialisation, les financiers de la terre entière se ruent de nouveau vers la Chine.
Pékin s’inquiète désormais de cette surchauffe de sa devise, qui pourtant lui permet d’atténuer un peu sa facture de matières premières (de fer et de cuivre, notamment), qui est en train de s’envoler. Ce que le pays voit derrière ces mouvements, ce sont des risques d’inflation qui se précisent. Selon le Financial Times, l’augmentation des coûts de production des industriels aurait été de 6,8 % en avril, même si pour l’instant cette flambée des prix n’a pas été transmise au consommateur final. C’est là que se rejoignent les préoccupations immédiates et celles de long terme. La démographie, en réduisant progressivement la force de travail, porte en germe un risque majeur.
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