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Mini-crédits: pourquoi dérangent-ils?

Fin avril, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a déposé plainte pour « pratiques commerciales trompeuses » contre trois sociétés proposant des mini-crédits, à savoir Bling,  Cashper et Floa Bank. Matthieu Robin, chargé de mission banque et assurance pour l’UFC, dénonce « un manque d’information » de la part de ces plateformes sur leurs taux d’intérêts pouvant atteindre les 20% et alerte sur la publicité mise en œuvre, écartant les potentiels risques auxquels sont exposés les consommateurs. Il espère que ces mini-prêts seront mieux encadrés « pour mettre un terme à ces passe-droits dont bénéficient ces entreprises ». 

Challenges- En quoi consiste un mini-crédit? Et qu’est-ce qui vous inquiète dans cette pratique?

Matthieu Robin-  Ces mini-prêts permettent d’obtenir un crédit jusqu’à 1.000 euros en quelques clics. C’est ce que proposent Bling, Cashper et Floa Bank. Le problème c’est que ces offres ne sont pas encadrées au même titre que les crédits à la consommation classique qui sont soumis à une directive de 2008 du Parlement européen. La publicité et les tarifs sont donc peu encadrés. Sur ces sites, les potentiels risques auxquels sont exposés les consommateurs ne sont pas clairement notifiés, de même en ce qui concerne les taux d’intérêts particulièrement élevés qui peuvent atteindre les 20%. Concrètement, avant notre dépôt de plainte, Floa Bank

avait par exemple présenté son offre comme un jeu à gratter où l’internaute découvre l’argent qu’il peut obtenir grâce au crédit. Il peut ensuite directement cliquer sur ‘recevoir mon argent’. Une formulation qui  écarte l’idée d’un prêt qu’il faudra rembourser par la suite et qui génère évidemment des frais supplémentaires. Par ailleurs, le taux annuel effectif global (TAEG), soit le coût total du crédit pour le consommateur, n’est pas présenté. En l’absence de cette information, il est donc difficile de comparer les offres avec les concurrents.

Quels sont les publics visés par ces plateformes?  

La situation économique due à la crise sanitaire a certainement profité à ces sociétés car elles visent clairement les plus jeunes et les plus précaires. Par exemple, la plateforme Bling indique très clairement dans sa rubrique FAQ que les fichiers de la banque de France ou d’autres fichiers existants ne sont pas pris en compte dans l’accord du crédit. Concrètement, si vous êtes en difficulté financière et interdit bancaire, Bling vous accueillera tout de même les bras grands ouverts, ne se souciant pas du potentiel risque de surendettement. C’est pourquoi nous souhaitons que ces fichiers soient pris en compte pour analyser la solvabilité du bénéficiaire. Il faut savoir que certains consommateurs en surendettement peuvent se voir octroyer des plans de redressement pour tenter de rétablir leur situation financière. Par exemple, un délai de paiement d’un an peut être décidé par un créancier. Seulement, si ce dernier découvre que l’endettement du client s’est aggravé pendant cette période, notamment à cause d’un mini-crédit, il ne pourra plus bénéficier des aides qui lui avait été accordées. 

Espérez-vous un changement de la législation européenne? 

On espère que d’ici à la fin de l’année, il y ait des propositions au niveau européen pour mettre un terme à ces passe-droits dont bénéficient ces entreprises et que ces mini-crédits soient encadrés correctement dans l’intérêt des consommateurs. La Commission européenne va se pencher sur le sujet et présenter son projet d’ici à fin juin. En attendant, nous sommes en contact avec des parlementaires européens pour faire évoluer les lois et on va continuer à informer les consommateurs sur toutes les nouvelles formes de crédits à la consommation.

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