Tombera, tombera pas ? Samedi 29 mai, à Rio, le lieu de rendez-vous donné pour la manifestation en opposition au président brésilien Jair Bolsonaro ne semble pas avoir été choisi au hasard. Le rassemblement a débuté à l’ombre du célèbre immeuble Balança Mas Não Cai (« tangue mais ne tombe pas ») : un gigantesque édifice en béton, inauguré en 1948, réputé instable mais qui, en sept longues décennies, ne s’est pas effondré.
Pour la gauche brésilienne, l’objectif était en effet de mobiliser en masse afin de faire enfin chuter l’inamovible chef de l’Etat d’extrême droite, dont la popularité est en forte baisse, et dont une majorité de Brésiliens (57 %, selon l’institut PodeData) réclame désormais la destitution. Le pari est gagné : des rassemblements ont eu lieu dans au moins 200 villes, réunissant selon les localités jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de manifestants.
Mot d’ordre ? « Fora Bolsonaro ! » (« Bolsonaro dehors ! »). A Rio, à l’appel des principaux partis de gauche, le cortège a traversé sous le soleil les larges artères et petites ruelles du centre-ville. Pour l’occasion, on a sorti les drapeaux rouges (des syndicats de gauche), verts (écologistes), violets (féministes) ou encore noirs (en hommage aux 460 000 victimes du Covid-19). A l’appel des organisateurs, tous les manifestants ou presque sont venus masqués. Selon l’Agence France-Presse (AFP), quelque 10 000 personnes ont participé à la manifestation dans la capitale brésilienne.
Le mot d’ordre de la manifestation était « Fora Bolsonaro ! » (« Bolsonaro dehors ! »). BRUNA PRADO / AP
Sur l’avenue Vargas, Rodrigo défile sur le côté, évitant de se mélanger au gros de la foule. « J’avais un peu d’appréhension à venir en pleine pandémie », reconnaît ce prof de 34 ans, qui n’a pas renoncé à venir, alors que 2 500 Brésiliens meurent encore chaque jour des suites du Covid-19. « On ne peut pas rester chez soi avec ce qu’il se passe ! Le gouvernement Bolsonaro est plus dangereux que le virus », ajoute-t-il.
Lula, le champion des manifestants
Le long du défilé, l’atmosphère est lourde. De nombreuses familles de victimes sont là. « Je refuse de devenir une statistique », lit-on sur une affiche. Est-ce la peur ? La lassitude ? La crise économique ? A Rio comme ailleurs, les rassemblements ont attiré beaucoup de monde sans pour autant virer au raz-de-marée. La faute en partie aux organisations de gauche, divisées sur le bien fondé d’une manifestation en pleine épidémie. Ni le populaire syndicat de la Centrale unique des travailleurs (CUT) ni le Mouvement des sans-terre (MST) n’ont ainsi officiellement appelé leurs membres à descendre dans la rue.
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