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Le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, donne une conférence de presse à Berlin, le 28 mai 2021, après que l’Allemagne a reconnu pour la première fois qu’elle avait commis un génocide en Namibie pendant son occupation coloniale. TOBIAS SCHWARZ / POOL / REUTERS
Il aura fallu attendre un peu plus d’un siècle pour que le mot soit officiellement prononcé. Vendredi 28 mai, l’Allemagne a pour la première fois qualifié de « génocide » les massacres de 65 000 Herero et de 10 000 Nama, entre 1904 et 1908, dans son ancienne colonie du Sud-Ouest africain, dont le territoire correspond à l’actuelle Namibie. « Nous qualifions officiellement ces événements pour ce qu’ils sont du point de vue d’aujourd’hui : un génocide », a déclaré le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas. « A la lumière de la responsabilité historique et morale de l’Allemagne, nous allons demander pardon à la Namibie et aux descendants des victimes », a-t-il ajouté.
Près de six années d’intenses négociations diplomatiques auront été nécessaires pour parvenir à cet acte de reconnaissance et rédiger un traité de réconciliation entre les deux pays, pour la signature duquel M. Maas devrait se rendre prochainement en Namibie, et que le gouvernement allemand souhaite faire ratifier par le Bundestag avant les élections législatives du 26 septembre.
Commencées en septembre 2015, les discussions ont principalement achoppé sur un point : les compensations financières. Pour le gouvernement allemand, il était en effet capital que la reconnaissance du crime de génocide n’ouvre pas la voie à des demandes légales d’indemnisation. Se fondant sur le fait que la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée en 1948 par les Nations unies, ne s’applique pas de façon rétroactive, Berlin s’est fermement opposé à l’idée de devoir payer des « réparations » dans le cadre de procédures judiciaires, préférant à la place proposer à la Namibie un « programme de reconstruction et de développement ». D’un montant d’environ 1,1 milliard d’euros sur trente ans, celui-ci a toutefois été très compliqué à négocier, en particulier parce que les Herero et les Nama n’ont cessé de reprocher au gouvernement namibien de les tenir à l’écart des tractations.
« Premier pas » ou « insulte »
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que la reconnaissance officielle, par l’Allemagne, de ce qui fut le premier génocide du XXe siècle ait suscité des réactions contrastées, tant à Windhoek qu’à Berlin. Alors que la présidence namibienne a salué un « premier pas dans la bonne direction », le principal quotidien d’opposition, The Namibian, a qualifié d’« insulte » l’attitude de l’Allemagne, accusée d’avoir méprisé les descendants des victimes en considérant le gouvernement comme seul interlocuteur légitime. De leur côté, les principaux représentants des communautés Herero et Nama ont prévenu qu’ils réserveraient un accueil chahuté au président allemand, Frank-Walter Steinmeier, le jour où celui-ci se rendra en Namibie pour présenter des excuses officielles, ce qu’il envisage de faire d’ici à la fin de l’année.
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