« Inacceptable », « abject », « sans précédent »… les pays de l’Union européenne ont aussitôt réagi après le détournement d’un avion de ligne par la Biélorussie, dimanche 23 mai, et l’arrestation d’un jeune opposant biélorusse présent à bord, Roman Protassevitch. Réunis en sommet lundi 24 et mardi 25 mai à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept doivent discuter de « possibles sanctions » contre la Biélorussie.
Tout commence dimanche avec l’alerte d’une « potentielle menace pour la sécurité à bord » du Boeing 737 de la compagnie irlandaise Ryanair. L’information est transmise par les contrôleurs aériens biélorusses à l’équipage de l’avion reliant Athènes à Vilnius, capitales respectives de la Grèce et de la Lituanie. Il est presque 13 heures. Le Boeing survole le territoire biélorusse et s’apprête à traverser la frontière lituanienne quand le président, Alexandre Loukachenko, selon son service de presse, décide d’envoyer un chasseur Mig-29 pour intercepter l’avion commercial et le forcer à atterrir à Minsk.
En voyant l’avion changer de direction, le jeune opposant présent à bord se glace. Roman Protassevitch, 26 ans, est l’ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta. Activiste, journaliste et photographe, exilé en Lituanie depuis 2018, il a commencé à travailler pour Nexta à la fin de 2019, avant d’en partir en octobre 2020 pour rejoindre Golovnogo Mozga, un autre média d’information biélorusse. Depuis novembre 2020, son nom figure sur la liste, établie par les services de sécurité biélorusses (KGB), des « individus impliqués dans des activités terroristes ».
« Je risque la peine de mort, ici »
« Après une manœuvre soudaine de l’avion, un garçon a commencé à paniquer, se serrant la tête, a témoigné un passager du vol, anonymement cité par le site d’information lituanien Delfi. Il n’y avait pas de conflit, il n’y avait pas de scandale avant le virage de l’avion, personne n’était en colère. » L’avion atterrit à Minsk. Tous les passagers descendent, selon ce même témoin, mais Roman Protassevitch est pris à part, et ses affaires sont fouillées sur la piste. « Nous lui avons demandé ce qu’il se passait. Il nous a dit qui il était et a ajouté : “Je risque la peine de mort, ici”. » Le jeune homme est arrêté.
L’opposant biélorusse Roman Protassevitch à Minsk, durant le rallye « Freedom Day », le 25 mars 2012. STR / AFP
L’ancienne République soviétique est le dernier pays européen à appliquer la peine capitale. Les charges retenues contre Roman Protassevitch et la présence de son nom dans la liste du KGB sont liées à sa participation à l’organisation d’« émeutes de masse », selon les autorités. Accusé par trois articles du code pénal biélorusse, il risque quinze années de détention.
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