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L’héritage d’Andreï Sakharov : des dissidents de l’URSS aux opposants à Poutine

Andreï Sakharov, le 1er avril 1980 pendant son exil à Gorki (aujourd’hui Nijni Novgorod). AFP

Analyse. Né sous Lénine le 21 mai 1921, Andreï Sakharov est décédé en décembre 1989 au crépuscule de l’Union soviétique incarné alors par son dernier dirigeant, Mikhaïl Gorbatchev. Le centenaire, vendredi 21 mai, du plus célèbre dissident soviétique donne lieu, aujourd’hui, à deux versions contrariées. En France, en Allemagne, en République tchèque, ou bien encore en Lituanie, on célèbre le militant des droits humains, le cofondateur de l’ONG Memorial, principale organisation russe de défense des droits de l’homme, et le Prix Nobel de la paix de 1975. En Russie, du moins du côté des autorités, on loue le physicien nucléaire, l’un des inventeurs de la bombe H et l’on tait le reste.

A Paris, sur le parvis de l’Hôtel de ville, une rétrospective photo, baptisée « Sakaharov. Les droits humains au cœur de l’Europe », soutenue par le Parlement européen qui décerne chaque année depuis 1988 le prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit », a retracé le parcours du scientifique devenu antimilitariste et ardent avocat de réformes démocratiques, à l’aide d’images d’archives choisies avec soin.

L’opposition totale de Sakharov à la guerre et sa lutte pour la libération de prisonniers politiques résonnent toujours aujourd’hui

« Son opposition totale à la guerre, notamment celle d’Afghanistan, résonne avec celle d’Ukraine aujourd’hui, sa lutte pour la libération de prisonniers politiques, aussi. Il n’y a pas une seule image qu’on ne perçoive pas comme actuelle », souligne Sacha Koulaeva, coorganisatrice de l’exposition, membre de l’antenne française de Memorial France, créée en avril 2020, et enseignante à Sciences Po sur les droits de l’homme. La photo montrant le physicien au côté de Moustafa Djemilev, lui-même ex-dissident et victime de la répression soviétique, en témoigne. Le chef des Tatars de Crimée a été banni de la péninsule ukrainienne après son annexion, en 2014, par la Russie.

« Esprit de résistance et de tolérance »

« Les combats de Sakharov ne sont pas dépassés, poursuit Sacha Koulaeva. Les Tatars de Crimée et les Témoins de Jéhovah qu’il a beaucoup défendus sont toujours les plus nombreux sur la liste actuelle des prisonniers politiques de Memorial. » A Vilnius (Lituanie), Nicolas Miletitch présentera un documentaire sur les compagnons de route d’Andreï Sakharov. Pour cet ancien correspondant de l’AFP, qui assistait aux conférences de presse que donnait l’illustre dissident dans son appartement moscovite – avant d’être assigné à résidence à Gorki en 1980, puis libéré par Gorbatchev en 1986 –, l’importance de son héritage ne fait aucun doute. « Il reste Memorial, et ceux qui y travaillent sont imprégnés de l’esprit de résistance et de tolérance », témoigne le journaliste, qui fut lui-même expulsé d’URSS, avant de revenir en Russie.

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