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Les États-Unis et la Russie prônent la coopération malgré des “divergences”

Lors d’une rencontre en Islande mercredi, les chefs de la diplomatie américaine et russe Antony Blinken et Sergueï Lavrov ont prôné la coopération pour apaiser des relations tendues à l’extrême. L’un des objectifs de l’entrevue était de confirmer la tenue prochaine d’un sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine.

Les ministres américain et russe des Affaires étrangères ont assuré mercredi 19 mai en Islande, pour leur première rencontre depuis l’élection de Joe Biden, être prêts à coopérer, tout en échangeant de fermes mises en garde à l’image du fossé qui sépare les deux pays rivaux.

Malgré les « divergences » nombreuses, « notre vision est que si les dirigeants de la Russie et des États-Unis peuvent travailler en coopérant » face aux défis communs, « le monde sera plus sûr », a déclaré Antony Blinken lors d’une rencontre bilatérale avec Sergueï Lavrov à Reykjavik.

« Mais si la Russie se comporte de manière agressive contre nous, nos partenaires ou nos alliés, nous allons répondre », a prévenu Antony Blinken, appelant de ses vœux une relation « stable et prévisible ».

« Nous sommes prêts à discuter de toutes les questions, sans exception, à condition que la discussion soit honnête (…) et se base sur un respect mutuel », a répondu le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Les deux hommes ont cité plusieurs terrains d’entente possibles comme la lutte contre la pandémie, le climat, mais aussi les dossiers nucléaires nord-coréen et iranien ou l’Afghanistan.

Échange courtois

Devant la presse, avant un face-à-face à huis clos, l’échange est resté courtois – bien loin du grand déballage qui avait opposé Antony Blinken à son homologue chinois pour leur première rencontre en mars en Alaska.

Les déclarations qui ont précédé le face-à-face ne laissent pas présager la « désescalade » que Washington et Moscou disent appeler de leurs vœux au moment où leurs relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.

Alors qu’Antony Blinken semble vouloir faire de l’Arctique, nouvel enjeu géopolitique au cœur de la réunion régionale qui les rassemble mercredi et jeudi dans la capitale islandaise, un laboratoire d’une certaine coopération ciblée sur des défis communs comme la lutte contre le réchauffement climatique, Sergueï Lavrov avait fait monter la tension avec des propos tonitruants.

« Il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire », avait-il lancé lundi au sujet du Grand Nord, défendant une sorte de pré carré russe et dénonçant notamment les velléités « offensives » des Occidentaux via l’Otan et la Norvège. L’ »activité militaire » de la Russie dans l’Arctique est « parfaitement légale et légitime », avait-il plaidé.

La mise en garde russe avait inévitablement suscité une réponse d’Antony Blinken, qui a appelé mardi « éviter » ce genre de « déclarations », mais aussi « une militarisation » de l’Arctique, un vaste territoire aux conditions extrêmes, riche en ressources naturelles, autour du Pôle Nord.

Apaisement sur Nord Stream 2 ?

Mais avant le tête-à-tête en Islande, en marge du Conseil de l’Arctique qui s’est ouvert aussi mercredi soir et réunit les huit pays riverains de la région (États-Unis, Russie, Islande, Canada, Danemark, Finlande, Suède, Norvège), Washington a aussi fait un geste susceptible d’apaiser les tensions.

Après avoir laissé planer depuis des semaines la menace de mesures punitives contre le gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, l’administration Biden a finalement décidé de ne pas sanctionner la principale société impliquée dans le projet, Nord Stream AG, et son directeur général.

Des sanctions vont viser des entités mineures, mais le président américain veut éviter de se fâcher avec l’allié allemand – et fait par ricochet une faveur à Moscou, dénoncé à l’unisson par ses opposants républicains mais aussi plusieurs ténors de son camp démocrate. Concrètement, cette décision revient à laisser le champ libre à la réalisation de ce gazoduc dont les États-Unis ne veulent pourtant pas.

Rencontre Biden-Poutine en vue

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, le président Biden affiche une grande fermeté à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, qu’il est allé jusqu’à qualifier de « tueur » – pour mieux marquer la rupture avec son prédécesseur Donald Trump, accusé de complaisance à l’égard du maître du Kremlin.

Moscou et Washington ont échangé vives accusations et dures sanctions dès le début du mandat du démocrate. Mais depuis, les deux capitales assurent vouloir une forme d’apaisement.

Afin d’y parvenir, Joe Biden et Vladimir Poutine semblent d’accord pour avoir leur premier sommet dans un pays européen, peut-être en juin dans la foulée, côté occidental, des réunions des dirigeants du G7 et de l’Otan qui feront la part belle à l’affichage d’un front commun anti-Moscou. « Nous pensons que cela aura lieu dans les prochaines semaines », a confirmé mardi le chef de la diplomatie américaine.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’accord sur l’heure ou l’endroit. Avant de s’entendre sur ces points, il nous faut analyser la position des États-Unis concernant l’ordre du jour » d’une telle rencontre, a nuancé mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Avec AFP

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