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PortraitLe général joue depuis des années un rôle décisif dans l’ombre du leader d’extrême droite Jair Bolsonaro. Agé de 73 ans, il n’a jamais caché sa nostalgie de la dictature et son goût pour la manière forte.
Ce 24 novembre 2018, Jair Bolsonaro hésite. Fraîchement élu président du Brésil, le leader d’extrême droite participe à une cérémonie militaire organisée en l’honneur de la brigade d’infanterie de parachutistes de Rio de Janeiro, dont il fit autrefois partie. Entouré de soldats en treillis et béret rouge, le nouveau chef de l’Etat est parmi les siens. Mais voilà que, au moment de gravir les marches de l’escalier d’accès au siège de la brigade, il se fige. A sa gauche se tient un petit homme âgé, l’air renfrogné, vêtu comme lui d’un costume sombre, sans cravate. Bolsonaro le saisit par l’épaule, l’invite à le précéder. D’un geste, l’intéressé refuse, indiquant au président que, en raison de son statut, c’est à lui de passer en premier. Bolsonaro s’exécute, visiblement gêné.
Qui est donc cet homme pour lequel il montre tant d’égards, voire de soumission ? Pour parler du général Augusto Heleno, 73 ans, les journalistes brésiliens rivalisent de qualificatifs. A les en croire, il serait à la fois « l’éminence grise », « le mentor », « le bras droit », « le porte-flingue », « le frère d’armes », « le père spirituel », « l’ami » et même « le confident » du président. En apparence, pourtant, M. Heleno, qui a refusé de répondre aux questions du Monde, est loin d’impressionner. Avec son air toujours bougon, il fait plutôt penser au personnage de Droopy. Officiellement, auprès de Jair Bolsonaro, il n’occupe d’ailleurs « que » la fonction de chef du cabinet de la sécurité institutionnelle, le mal connu GSI.
En réalité, ce poste est central dans le système en place à Brasilia. Heleno a rang de ministre, il dispose d’un bureau au sein du palais présidentiel et ne répond que devant le chef de l’Etat. En tant que patron du GSI, il a de vastes prérogatives, assiste Jair Bolsonaro sur les questions militaires, de sécurité ou d’aérospatial, assure la sécurisation des systèmes informatiques, coordonne le programme nucléaire… Surtout, il a sous sa responsabilité l’Agence brésilienne de renseignement, les services secrets. « Le GSI, c’est l’Etat profond par excellence », résume un fin connaisseur des arcanes de Brasilia.
Méthodes commando
Plus crucial encore : le général Heleno a pour charge la sécurité du chef de l’Etat et de sa famille. Rude tâche concernant ce président paranoïaque, qui a réchappé de peu à un attentat au couteau, en 2018, et qui dort un pistolet posé sur sa table de chevet. « A ce poste, on ne met que quelqu’un en qui on a une absolue confiance », poursuit notre source.
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