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« Il y a peu de chances que la Chine permette aux Tibétains de choisir leur prochain chef spirituel »

Le quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso, en visite à Londonderry, en Irlande du Nord, en septembre 2017. Le quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso, en visite à Londonderry, en Irlande du Nord, en septembre 2017.

Robbie Barnett est chercheur sur l’histoire et la politique tibétaine contemporaine à La School of Oriental and African Studies (École des études orientales et africaines), de l’université de Londres (SOAS).

L’un des grands enjeux pour le gouvernement tibétain en exil, qui a élu vendredi 14 mai un nouveau président (sikyong), Penpa Tsering, est la succession prochaine du dalaï-lama, âgé de 85 ans et chef spirituel du Tibet. La Chine a-t-elle suffisamment confiance dans le degré de contrôle qu’elle exerce au Tibet pour simplement attendre sa disparition et imposer sa volonté ?

Les responsables chinois semblent confiants dans la capacité de leurs forces de sécurité à faire face à toute agitation au Tibet ; ils disposent d’un nombre important de troupes sur place, qui sont déjà stationnées sur le plateau et sont donc habituées à l’altitude. Toutefois, les dirigeants de Pékin sont toujours confrontés à un arbitrage entre le degré de force et celui de persuasion qu’il faut utiliser pour convaincre ou contrôler les Tibétains. Mais c’est en grande partie un débat factice sur la question de savoir si la force doit être visible ou non, car il y a très peu de chances que le parti communiste chinois [PCC] permette aux Tibétains de choisir eux-mêmes leur prochain chef spirituel.

Cela est dû en grande partie à une décision prise par les dirigeants chinois en 1994, qui a érigé le 14e dalaï-lama en menace pour la sécurité nationale, équivalente à la figure de Ben Laden en Occident, une décision qui n’avait aucune justification ou avantage évident pour la Chine et que les dirigeants chinois successifs se sont montrés incapables de renverser ou même de modifier.

Historiquement, le PCC et ses théoriciens ont de grandes difficultés, voire une incapacité, à développer des politiques sophistiquées sur les questions de religion ou de culture, du moins quand ces religions ou cultures ne sont pas les leurs. Ils comprennent comment les « commercialiser » et « sécuriser », mais en tant que théoriciens, ils semblent manquer de confiance pour envisager d’autres options. Sans doute faudra-t-il attendre un certain temps avant de voir émerger des politiques véritablement créatives sur les questions religieuses en Chine, sans parler du Tibet.

Depuis une dizaine d’années est évoqué, côté tibétain, le projet d’un éventuel voyage du dalaï-lama au mont Wutai, dans la province chinoise du Shanxi, comme il a dit le souhaiter à plusieurs reprises. Cela pourrait-il faire avancer la cause d’une plus grande autonomie pour le Tibet ?

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