Chasse aux trophées, transports d’animaux d’élevage, identification des chats… Le gouvernement britannique annonce une série de mesures en faveur du bien-être animal. Les associations de protection animale outre-Manche se réjouissent des avancées promises, tout en restant vigilantes à ce que celles-ci se traduisent dans les lois. L’analyse de 30millionsdamis.fr.
Un pas de géant pour les animaux ? Accompagnant le discours de la Reine Élisabeth II devant le Parlement britannique (11/05/2021), le gouvernement de Boris Johnson a dévoilé une feuille de route dressant la liste des actions envisagées en faveur du bien-être animal. Le Premier Ministre ambitionnerait de faire de son pays un « leader global » dans ce domaine selon la BBC, indiquant que les mesures proposées feront l’objet de trois projets de loi distincts dans l’année à venir.
Les animaux reconnus en tant qu’êtres « sentients »
L’un des projets de loi (Animal Welfare Sentience Bill) devrait instaurer la reconnaissance des animaux en tant qu’êtres « sentients », c’est-à-dire capables d’éprouver des émotions telles que la souffrance et la douleur. En France, ils sont déjà considérés comme des « êtres vivants doués de sensibilité » dans le Code civil depuis 2015, une avancée obtenue sous l’impulsion de la Fondation 30 Millions d’Amis. Les colliers électriques anti-aboiements seront bientôt interdits au Royaume-Uni, et l’identification des chats par puce électronique sera désormais obligatoire. Les autorités dévoileront également un plan de lutte contre les trafics et les vols d’animaux de compagnie, un fléau en pleine expansion – le site internet DogLost dédié aux annonces d’animaux perdus ou volés ayant constaté une hausse d’environ 250 % des vols de chiens depuis le début de la pandémie (AFP, 5/02/2021).
16 millions de truies et de poules pondeuses sont détenues dans des cages au Royaume-Uni.
CIWF
Concernant l’élevage, le gouvernement britannique a réaffirmé sa volonté de mettre un terme à l’exportation d’animaux vivants destinés à l’engraissement et à l’abattage – quelques mois après avoir annoncé le lancement d’une consultation à ce sujet (3/12/2020) – tout en indiquant vouloir franchir de « nouvelles étapes » vers une possible interdiction de la vente de foie gras. La protection des animaux au sein des élevages sera elle aussi renforcée, sans toutefois aller jusqu’à l’interdiction des cages où sont détenues quelque 16 millions de truies et de poules pondeuses.
Chasse aux trophées et ailerons de requins
S’agissant de la faune sauvage, le gouvernement compte améliorer les normes en vigueur pour les animaux captifs dans les zoos, et interdire la détention de primates par des particuliers. Le projet de loi « Animaux à l’étranger » (Animals Abroad Bill) devrait par ailleurs mettre un terme à l’importation de trophées de chasse (carcasses, peaux, cornes, défenses…), en complément d’un précédent projet de loi (Ivory Act) prévoyant déjà d’interdire l’importation d’ivoire issue du massacre des éléphants. L’importation et l’exportation d’ailerons de requins seront également prohibés, alors que l’UE exporte de son côté près de 3500 tonnes d’ailerons par an, principalement vers les pays d’Asie. Plus de 218.000 personnes ont déjà signé l’Initiative citoyenne européenne (ICE) « Stop Finning – Stop the Trade » soutenue en France par la Fondation 30 Millions d’Amis.
Les associations de protection animale outre-Manche ont été promptes à commenter ces annonces. « Nous ne pouvons plus ignorer le lien inextricable qui existe entre la façon dont nous traitons les animaux, notre propre santé et celle de la planète », a réagi Chris Sherwood, responsable de la Société Royale de Prévention contre la Cruauté envers les Animaux (RSPCA), cité par la BBC, assurant que « [ces mesures] pourraient faire une différence réelle et durable » à condition qu’il ne s’agisse pas d’un simple « geste symbolique ». « Le respect pour le bien-être animal (…) jouera un rôle crucial pour faire face aux défis d’environnement et de santé publique tels que le changement climatique, la résistance aux antibiotiques et la prévention des pandémies », affirme Claire Bass, directrice de l’ONG Humane Society International/UK, dans le Guardian (12/05/2021).
Le risque lié aux accords commerciaux
James West, responsable des programmes politiques de l’ONG Compassion in World Farming (CIWF), se réjouit pour sa part de la fin de l’exportation d’animaux vivants, mettant toutefois en garde contre le risque de voir « ces avancées indispensables […] minées par de futurs accords commerciaux » (Guardian). Le bien-être animal étant un domaine dans lequel l’action du gouvernement britannique est décentralisée, des accords devront en effet être négociés entre l’Angleterre et les institutions des autres pays du Royaume-Uni (Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) mais aussi vis-à-vis de l’Union européenne et des autres partenaires commerciaux à travers le monde.
Si le Royaume-Uni voit d’ores et déjà des avancées importantes en matière de bien-être animal se concrétiser, à l’instar de l’interdiction de la vente de chiots et de chatons en animaleries ou encore du renforcement des sanctions en cas d’acte de cruauté envers un animal [une mesure qui a tout récemment reçu l’approbation royale et sera donc effective dès le 29 juin 2021, NDLR], pendant ce temps en France, la PPL Animaux – votée en première lecture à l’Assemblée nationale – tarde à être inscrite à l’ordre du jour au Sénat. Un retard dénoncé entre autres par le député Loïc Dombreval, dans un entretien exclusif accordé à 30millionsdamis.fr.
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