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En France, la difficile affirmation d’un courant écologiste « réalo » à l’allemande

L’eurodéputé EELV Yannick Jadot, considéré par ses adversaires comme une version hexagonale des « réalos », le 17 avril à Paris. L’eurodéputé EELV Yannick Jadot, considéré par ses adversaires comme une version hexagonale des « réalos », le 17 avril à Paris.

Cela fait penser au titre du film de Wim Wenders Si loin, si proche (1993). Entre les Français d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et leurs homologues allemands des Grünen, les relations sont ambivalentes. Si les deux formations – qui connaissent une forte dynamique électorale – partagent une même aspiration à gouverner et la volonté de lutter contre le changement climatique, elles diffèrent sur la stratégie à adopter pour y parvenir.

Parfois, dans le monde de l’écologie politique française, être qualifié de « Vert allemand » ou de « réalo » équivaut presque à une mise en accusation pour déviance droitière. Le terme « réalo » vient justement d’une controverse qui a agité les Grünen à la fin des années 1980 où les « réalistes », partisans d’une alliance électorale avec les sociaux-démocrates, s’opposaient aux « fondamentalistes », qui ne souhaitaient pas de compromissions avec le SPD (centre gauche).

Si les « réalos » ont gagné cette bataille idéologique, leurs camarades français voient néanmoins d’un mauvais œil leur glissement stratégique et leur disponibilité actuelle à l’égard d’une coalition avec les conservateurs à l’issue des élections législatives du 26 septembre prochain. Dans les derniers sondages, la CDU-CSU est, en effet, créditée de 22 % à 24 % des intentions de vote, en deuxième position derrière les Verts, qui sont donnés entre 27 % et 29 %. Et 30 % des Allemands souhaitent que la successeure d’Angela Merkel soit Annalena Baerbock, la candidate des Grünen.

« Toutes les élections en Allemagne ont lieu à la proportionnelle, rappelle Daniel Cohn-Bendit, qui connaît parfaitement EELV et les Grünen pour avoir été une figure des deux organisations. Si on s’est alliés jusqu’au début des années 2000 avec les sociaux-démocrates, certains ont vu que la volonté de gouverner et de transformer les choses ne pouvait pas se limiter à la gauche. » Les Verts allemands ne se définissent plus simplement de gauche mais comme écologistes, en tant que famille de pensée à part entière. Cela rend donc possible toute négociation avec les partis démocratiques. L’ancien leader de Mai 68 précise : « On exclut uniquement l’extrême droite » pour former des coalitions. D’après lui, la différence entre écologistes français et allemands est la même qu’« entre le rouge et le vert ». Quasi une différence de nature.

Autonomie réaffirmée

Le système électoral français, lui, ne permet pas un tel jeu de coalitions. La Ve République stabilise (et fige) les rapports de force, offrant une prééminence, à l’Assemblée nationale, au clivage droite-gauche. Un scénario à l’allemande est donc inenvisageable à Paris, d’abord pour des raisons institutionnelles. Politiquement, ensuite, les Verts français ont choisi, dans les années 1990, de s’arrimer à la gauche, en abandonnant le « ni-ni ». EELV perpétue cet héritage et ne forme que des coalitions au sein de cette famille politique.

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