Après quatre-vingt-trois jours de négociations infructueuses entre les partis indépendantistes, la Catalogne est dans l’impasse. Lundi 10 mai, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) a confirmé la rupture des discussions visant à former un gouvernement de coalition avec le parti séparatiste de droite Junts (Ensemble pour la Catalogne), dans la région rebelle du nord-est de l’Espagne. Selon ERC, la principale pierre d’achoppement entre les deux partis est la volonté de Junts de confier l’élaboration de la feuille de route pour l’indépendance au Consell per la Republica. Cet organisme a été créé à Waterloo par l’ancien président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, réfugié en Belgique depuis la tentative de sécession d’octobre 2017.
« Chaque fois que nous avancions dans les négociations, nous nous retrouvions face au même obstacle : qui décide la stratégie indépendantiste. Junts défend le fait que celle-ci doit se décider dans le cadre du Conseil pour la République, mais pour ERC, elle doit se décider au Parlement et au gouvernement catalan, sans tutelle », a expliqué lundi 10 mai, sur la chaîne de télévision locale TV3, le candidat d’ERC à la présidence de la Généralité et président par intérim du gouvernement catalan, Pere Aragones. « Le Consell per la Republica est un organisme privé qui n’a pas été élu et qui est totalement contrôlé par Junts », déclare au Monde un représentant d’ERC.
L’objectif d’ERC est à présent de rassembler les soutiens suffisants au Parlement catalan pour gouverner « en solitaire ». Le temps lui est compté : si aucun accord n’est trouvé avant le 26 mai, la Chambre régionale sera automatiquement dissoute et de nouvelles élections convoquées en juillet. Un scénario de plus en plus probable.
Majoritaires mais divisés
Lors des élections catalanes du 14 février, marquées par une hausse de l’abstention, les partis séparatistes ont rassemblé pour la première fois la majorité absolue des suffrages. Avec 51 % des voix et 74 des 130 sièges au Parlement catalan, la formation d’un nouveau gouvernement indépendantiste pouvait donc sembler assurée. C’était compter sans leurs profondes divisions et rivalités.
Durant la précédente législature, celles-ci ont déjà provoqué de nombreuses tensions dans la coalition et abouti à la tenue des élections anticipées. Le renversement de l’ordre d’arrivée des forces indépendantistes semble encore compliquer la donne. Pour la première fois, ERC est en tête du « bloc » indépendantiste, avec 21,3 % des voix et 33 sièges, devant Junts (20 % et 32 sièges). Or si, ces dix dernières années, la Gauche républicaine a voté l’investiture de quatre candidats de l’espace politique que représentent Junts et les nombreux avatars de la droite nationaliste, il semble que l’inverse ne soit pas aussi évident.
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