Zapping Onze Mondial Trophée UNFP : les joueurs du mois
« Surface rouge, la population panique, histoire tragique, atmosphère tendue, volcanique… ». Non, nous ne sommes pas à Marseille, ville chère au groupe IAM, mais bien à Valence, en Espagne, où les paroles d’une de leurs célèbres chansons s’adaptent totalement dans le contexte actuel. Contemplant leur présent décadent et traumatisant, laissant derrière eux les souvenirs d’un glorieux passé, « El Valencianismo » – comprenez ici le supportérisme local – a réagi et est descendu dans la rue, samedi, pour réclamer la liberté de son club.
Près de 5000 personnes étaient présentes pour ce qui fut une véritable démonstration de force et de preuve sentimentale, malgré la pandémie et une saison médiocre, envers Valence. Le tout en ayant un seul objectif : celui de forcer Lim, l’homme à abattre, à vendre le club après avoir constaté le rejet qu’il provoque dans la ville, explique El País. Une position aussi romantique… qu’utopique.
#ValenciaCF | DIRECTO | La afición llega a las puertas de Mestalla
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F. Calabuig pic.twitter.com/vL3cwWLvlR
— Superdeporte (@superdeporte_es) May 8, 2021
« Sous les valenciens, le club a fait faillite, non ? »
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Peter Lim, au centre.Credit Photo – Icon Sport
Peter Lim, homme d’affaires singapourien âgé de 67 ans, a attisé les flammes vendredi lors d’une interview parue dans le Financial Times. Son titre est, à lui seul, éloquent : « Je possède un club de football et je vois ce qu’il se passe ensuite. Ce n’est rien de plus ». Lim toujours : « Posséder Valence a été incroyablement bon pour le réseau. Une fois, nous avons même dîné avec tous les propriétaires de clubs lors de l’une des finales de la Ligue des Champions ». Pour rassurer les supporters de son intérêt persistant du bien-être sportif du club, on repassera.
Avec une fortune de 2,7 milliards de dollars selon Forbes, Lim est complètement déconnecté des attentes de résultats par les supporters, qui l’accusent d’utiliser l’équipe pour son enrichissement personnel. Pire, il se permet même le loisir de les provoquer. « Ces gens disent « parce que nous sommes valenciens, nous connaissons le club ». Mais sous les valenciens, le club a fait faillite, non ?, questionne-t-il toujours au Financial Times. Je ne veux pas dénigrer [le club], mais… [Valence] a 102 ans. Il n’a jamais gagné la Ligue des champions et [les anciens dirigeants] voulaient la gagner à tout prix ? Vous avez des pierres dans la tête ».
Des protestations pacifiques mais véhémentes, à Valence et ailleurs
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Des slogans puissants, samedi, à Valence.Credit Photo – Icon Sport
Alors forcément, avec de tels propos et des prestations calamiteuses sur les terrains – Valence est actuellement 14e avec à peine 36 points en 34 matchs -, les supporters « del murcielago » (littéralement la chauve-souris, à cause de sa présence sur le blason) ne se laissent pas faire. « Nous devons démocratiser le club. Valence doit retourner à ses propriétaires légitimes », disait une partie des revendications majeures de samedi. D’autres slogans marquants y figuraient. « El futur es nostre » ((le futur est à nous), « Your business, our feeling 50+1 » (Votre business, notre sentiment)… Comme rapporté par El País, les organisateurs, dont la peña Curva Nord, ont mené une marche qui s’est déroulée sans encombre, tous les participants portant aussi des masques. « Nous ne pouvons pas faire d’erreur car ils l’utiliseront contre nous. La protestation doit être pacifique », a déclaré José Antonio Pérez, l’un des leaders.
Valence était l’épicentre, mais dans d’autres parties du pays et du monde, telles que Barcelone, Boston, Dakar, Madrid ou encore Santiago, des dizaines de valencianistas ont aussi exprimé leur mécontentement. Depuis les États-Unis, la légende du club che, Mario Kempes, avait notamment lancé un appel « à la révolution » pour que les gens de Meriton Holdings, la société qui travaille avec Lim, « s’écartent ».
Un bilan catastrophique et un avenir très incertain
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Les joueurs de Valence sont à la peine cette saison.Credit Photo – Icon Sport
A l’exception de l’étape, probablement accidentelle, où le directeur général Mateu Alemany et l’entraîneur Marcelino avaient certains pouvoirs, Valence a progressivement décliné depuis 2014 et la prise en main de Peter Lim. Sa marque a perdu de son prestige sur la planète football – l’équipe réserve jouera la saison prochaine en cinquième division espagnole, tandis que le manque d’intérêt pour l’équipe féminine est criant – et de sa valeur sur le marché du sponsoring. Concernant l’équipe première, Lim a renvoyé six directeurs sportifs, ayant décidé d’assumer lui-même cette fonction, entouré par son ami agent Jorge Mendes, et huit entraîneurs… en sept ans. Javi Gracia étant le dernier en date, remplacé par l’éternel Voro.
L’horizon est sombre. A l’instar des précédents marchés des transferts, celui qui s’annonce cet été devrait être, une fois de plus, placé sous le signe de la rentabilité à tout prix. N’importe quel joueur est ainsi susceptible d’être transféré. Kang In Lee, l’un des joyaux de l’académie des jeunes, avec lequel aucun accord n’a été trouvé pour son renouvellement de contrat, quittera sans doute le club pour un montant dérisoire. Et Lim n’hésitera pas à mettre sur le marché des Jasper Cillessen, Maxi Gomez, Gonçalo Guedes ou encore Mouctar Diakhaby, comme expliqué par El País. Ses meilleurs joueurs. Ce à quoi le singapourien répond : « J’ai une certaine compassion pour [les fans], mais entre nous, entre amis, on dit que les plus petites choses vous donnent les plus gros maux de tête ». La lutte populaire, pour que Valence revive et retrouve son lustre d’antan, ne fait que commencer.
Théo Sivazlian
L’article un propriétaire déconnecté et des milliers de supporters dans la rue. Autopsie d’une crise est apparu en premier sur zimo news.