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L’UE et l’Inde cherchent à renforcer leur partenariat face à la Chine

L’Union européenne et New Delhi vont renforcer leurs relations à l’occasion d’un sommet samedi avec la reprise de la négociation d’un accord de libre-échange et une coopération accrue dans le domaine de la santé, au moment où l’Inde est submergée par la pandémie.

Le Premier ministre indien Narendra Modi devait rejoindre les dirigeants des 27 réunis à Porto, mais il a été contraint d’annuler son déplacement en raison de la crise sanitaire.

La réunion se fera en visioconférence à partir de 13H00 locales (12H00 GMT). Elle doit durer deux heures et se conclure par l’adoption d’une déclaration commune et l’annonce de la reprise des négociations commerciales.

Producteurs de vaccins et considérés comme les « pharmacies du monde », l’UE et l’Inde vont également prendre position sur la nécessité de réponses mondiales aux prochaines pandémies.

Le président du Conseil européen Charles Michel va pousser sa proposition de traité international, a indiqué son entourage.

Les pays de l’UE ont dans l’immédiat déjà envoyé une aide médicale d’une valeur de quelque 100 millions d’euros vers le géant asiatique d’1,3 milliard d’habitants, au système de santé débordé par la flambée des cas de Covid-19.

« Il faut améliorer la capacité de production mondiale et garantir un accès aux composants des vaccins », plaident les Européens.

Narendra Modi pourrait plaider auprès des Vingt-Sept, divisés sur la question, en faveur d’une levée des brevets, après la prise de position américaine en ce sens.

Le maintien du sommet au niveau des dirigeants des 27 « est un signal politique fort à l’adresse de l’Inde », a assuré à l’AFP un responsable européen.

« Il y a une dynamique, car il existe une convergence d’intérêts », a pour sa part souligné un diplomate européen.

Livraison de vaccins contre le Covid-19 par le système Covax, le 24 février 2021 à l'aéroport de Bombay, en Inde (AFP/Archives - INDRANIL MUKHERJEE)

Livraison de vaccins contre le Covid-19 par le système Covax, le 24 février 2021 à l’aéroport de Bombay, en Inde (AFP/Archives – INDRANIL MUKHERJEE)

« L’UE veut renforcer ses relations avec un acteur majeur dans le cadre de sa stratégie Indo-Pacifique. L’Inde a pour sa part vu les cartes rebattues dans sa zone avec la conclusion d’accords par la Chine dont elle ne fait pas partie, et elle a besoin de partenariats avec d’autres acteurs. Il faut saisir cette opportunité », a-t-il expliqué.

La Chine sera « l’éléphant dans la salle », a noté un autre diplomate. L’annonce de la reprise des négociations avec l’Inde intervient alors que l’accord sur les investissements conclu fin 2020 avec Pékin a été suspendu à cause des tensions sur les droits de l’homme.

– « Pas un partenaire junior » –

« L’Inde a choisi d’investir davantage dans sa relation avec l’UE à cause de la Chine et du Brexit qui oblige New Delhi à ne plus considérer Londres comme comme son unique entrée dans l’UE », explique le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Le Premier ministre indien Narendra Modi (g) en visioconférence avec le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (d), le 15 juillet 2020 à Bruxelles (POOL/AFP/Archives - YVES HERMAN)

Le Premier ministre indien Narendra Modi (g) en visioconférence avec le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (d), le 15 juillet 2020 à Bruxelles (POOL/AFP/Archives – YVES HERMAN)

Londres veut aussi commencer à négocier un accord de libre échange avec l’Inde dès l’automne, a annoncé le gouvernement britannique.

L’UE ne part pas de zéro avec New Delhi. « L’annonce attendue samedi est la reprise officielle des discussions suspendues en 2013, sur la base du mandat existant, et l’objectif est de couvrir tous les domaines du commerce », a expliqué un haut fonctionnaire européen.

« Ce ne sera pas facile, ni rapide à obtenir », a-t-il reconnu. D’autant que l’UE ne va pas éluder les questions liées aux droits de l’homme, a-t-il assuré.

« L’Inde est un pays très protectionniste et même si c’est une grande démocratie, les questions des droits de l’homme sont très sensibles et les Indiens se braquent facilement », a confirmé le responsable européen consulté par l’AFP.

Mais la volonté de coopérer est réelle et des annonces concrètes sont prévues, notamment un accord sur la protection des indications géographiques, un partenariat sur la connectivité avec des investissements dans les transports et les infrastructures, des engagements de coopération pour la sécurité maritime dans la région et la lutte contre la cybercriminalité.

« Cela ne veut pas dire que l’UE et l’Inde vont constituer un bloc entre les Etats-Unis et la Chine », a averti le responsable européen.

« L’Inde est un pays non aligné, lié aux Etats Unis dans le cadre du +Quad+ (alliance informelle entre les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie, NDLR), mais il ne veut pas être un +junior partner+ et sur ce point, il rejoint l’UE », a-t-il expliqué.

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