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Elisabeth Thuelin : « Des résultats comptables des banques en apparence rassurants »

Tribune. Numéro d’équilibriste ou capacité de résistance réelle ? Les résultats comptables 2020 des banques semblent moins affectés par la crise sanitaire qu’on ne l’aurait imaginé, même si certains groupes souffrent plus que d’autres.

Le résultat net du groupe BNP Paribas est de 7 milliards d’euros en 2020 pour 8,2 milliards en 2019, celui du Crédit agricole de 2,7 milliards d’euros, pour 4,8 milliards en 2019 ; celui de la Société générale souffre davantage : – 0,3 milliard d’euros, pour 3,2 milliards l’année d’avant. Le niveau d’activité semble même avoir été moins touché que les profits. Le produit net bancaire (chiffre d’affaires) du groupe BNP Paribas a à peine baissé : 44,3 milliards d’euros en 2020, pour 44,6 milliards en 2019. Celui du Crédit agricole est quasi stable, 20,5 milliards d’euros, pour 20,15 en 2019. A la Société générale, la baisse est plus sensible, mais pas dramatique : 22,1 milliards d’euros en 2020, pour 24,7 milliards en 2019.

Hypothèses optimistes

Ce maintien de l’activité a été favorisé par les dispositifs gouvernementaux tels que les prêts garantis par l’Etat, le chômage partiel et le crédit d’impôt accordé aux bailleurs qui renoncent aux loyers dus par les entreprises. Ces mesures ont jusqu’à présent aidé les entreprises et les particuliers à rester à flot, pour l’essentiel.

Mais ce sont surtout les hypothèses optimistes retenues pour évaluer le coût du risque, c’est-à-dire les pertes réalisées ou potentielles sur les prêts, qui expliquent ces résultats comptables en apparence rassurants.

Jusqu’en 2017, les dépréciations des prêts étaient calculées sur la base des pertes avérées, avec pour conséquence leur prise en compte tardive (norme IAS 39). Depuis 2018, avec la mise en œuvre de la nouvelle norme IFRS 9, les estimations sont désormais faites beaucoup plus en amont, dès l’octroi des prêts, avec un classement de ces prêts en fonction de la situation de l’emprunteur.

Lorsque le risque de crédit est considéré comme faible par les experts, les pertes attendues sont déterminées sur un horizon d’un an. Lorsque ce risque est plus élevé, le crédit est classé différemment et les pertes sont alors calculées sur toute la durée du prêt.

Retour à la normale à la mi-2022

L’estimation de ces pertes s’accroît donc très fortement, de manière mécanique, dès que l’appréhension de la situation se détériore !

Où en est-on aujourd’hui sur ce point ? La majeure partie des créances sur la clientèle (plus de 85 %) est considérée comme présentant un risque faible. Mais cette estimation est fondée sur l’hypothèse d’un rebond de l’activité économique à la mi-2021 et d’un retour à la normale à la mi-2022.

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