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Le débat sur l’avenir de Narendra Modi commence à s’ouvrir en Inde

Le premier ministre indien, Narendra Modi, à New Delhi, le 29 janvier 2021. Le premier ministre indien, Narendra Modi, à New Delhi, le 29 janvier 2021.

Les mots sont durs, sans pitié, sans appel. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014, des voix s’élèvent dans la société civile pour demander le départ du nationaliste hindou, réélu en 2019 pour cinq ans, mais incapable d’anticiper et de gérer la deuxième vague de Covid-19 qui a plongé le pays dans un immense chaos.

« Vous n’êtes plus digne d’être notre premier ministre », écrit Arundhati Roy, la plus célèbre écrivaine indienne, dans un texte publié par le site d’information en ligne Scroll.in et intitulé « Nous avons besoin d’un gouvernement ». L’autrice du Dieu des petits riens et du Ministère du bonheur suprême est connue pour son opposition au premier ministre indien au nom de la défense des libertés. Mais jamais elle n’avait été aussi loin.

« Nous ne pouvons pas attendre jusqu’en 2024, écrit-elle. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour j’en viendrais à supplier le premier ministre, Narendra Modi, de faire quelque chose pour moi. J’aurais préféré aller en prison plutôt que de lui demander quoi que ce soit. Mais aujourd’hui, alors que la mort nous fauche dans nos maisons, dans la rue, sur les parkings des hôpitaux, dans les grandes comme dans les petites villes, dans les villages, les forêts et les champs, moi, citoyenne ordinaire, je ravale ma fierté et joins ma voix à celle de millions de mes concitoyens pour le supplier, oui, le supplier, de se retirer. Du moins pour un moment. Je vous en conjure, démissionnez. »

Abonnés absents

Avec le début de la crise, le mot « resign » (« démissionnez ») est apparu sur les réseaux sociaux. La colère des Indiens qui se libère chaque jour davantage est à la mesure du drame que vit l’Inde depuis un mois. Le pays a enregistré, jeudi 6 mai, 414 188 cas et près de 4 000 morts, et compte désormais pour 46 % des nouvelles infections par le SARS-CoV-2 dans le monde et un décès sur quatre. La situation à New Delhi est toujours aussi critique, malgré l’arrivée de l’aide internationale. La pénurie de lits, de matériel et d’oxygène a gagné une grande partie du territoire, notamment l’Etat du Karnataka (sud) et sa capitale Bangalore, ou l’Uttar Pradesh, le plus peuplé.

Depuis sa défaite aux élections régionales, dimanche 2 mai, Narendra Modi est aux abonnés absents, tout comme son allié, le ministre de l’intérieur, Amit Shah, avec lequel il avait mené une intense campagne au Bengale occidental pour tenter de ravir cet Etat. Il n’a fait aucun commentaire sur sa défaite. Pas un mot. Tout juste a-t-il envoyé un message de félicitation sur Twitter à Mamata Banerjee lorsque son adversaire, qu’il affublait pendant sa campagne d’un « Didi o didi » (un « Hé, ma sœur », perçu comme sexiste), a prêté serment à Calcutta pour un troisième mandat.

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