Ancien président des Maldives et actuel chef du Parlement, Mohamed Nasheed était vendredi 7 mai dans un « état critique » après avoir été visé la veille par un attentat à la bombe. Le responsable politique de l’archipel, âgé de 53 ans, a été grièvement blessé jeudi soir par l’explosion d’un engin accroché à une moto au moment où il s’apprêtait à monter dans sa voiture à Malé, la capitale.
« Il est dans un état critique, en soins intensifs », a expliqué l’hôpital privé ADK, où M. Nasheed a subi trois interventions chirurgicales pour retirer des fragments de bombe de ses poumons et de son foie. Un de ses gardes du corps et un ressortissant britannique ont également été hospitalisés.
La clinique ADK avait auparavant précisé que M. Nasheed devait subir une nouvelle opération. Les médecins avaient déconseillé son évacuation à l’étranger tant qu’un éclat de bombe logé dans son foie n’aurait pas été retiré. Plus tôt, un membre de la famille de l’ancien président avait expliqué que M. Nasheed était conscient et avait parlé avec les médecins lors de son admission dans la clinique, se disant confiant dans son rétablissement.
Dans une allocution télévisée, le président maldivien, Ibrahim Mohamed Solih, a annoncé qu’une équipe de la police australienne arriverait samedi dans l’archipel pour aider les enquêteurs. Il a dénoncé une attaque contre la démocratie, et promis que ses auteurs « seraient traduits en justice ».
La police a précisé que l’aide de membres de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait également été demandée. Elle a ajouté que l’attaque de jeudi était considérée comme « un acte de terrorisme » et lancé un appel au public pour toute information qui pourrait aider à en identifier les auteurs.
L’explosion est survenue peu avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu nocturne dans la capitale, dans le cadre des restrictions sanitaires pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Les autorités ont annoncé que la bombe artisanale aurait été accrochée à une moto garée dans une allée étroite menant au domicile de M. Nasheed.
Instabilité politique récurrente
Avec 340 000 habitants, les Maldives sont connues comme une destination touristique de luxe, mais l’archipel est aussi la proie d’une instabilité politique récurrente.
L’attentat n’a pas été revendiqué. Des responsables proches du Parti démocratique maldivien (PDM) de M. Nasheed ont dit soupçonner des opposants à sa campagne anticorruption. M. Nasheed avait en effet déclaré son intention de lancer une enquête sur le détournement de 90 millions de dollars de l’Autorité de promotion du tourisme pendant la présidence d’Abdulla Yameen.
Le gouvernement s’est attaqué ces dernières années à l’extrémisme religieux et les prédicateurs étrangers ne sont pas autorisés aux Maldives. Les attentats sont rares. En 2007, une dizaine de touristes étrangers avaient été blessés par une bombe à Malé. En février 2020, trois étrangers avaient été blessés dans une attaque à l’arme blanche attribuée par la police à des djihadistes.
Les messages de soutien se sont multipliés en provenance d’Inde, du Pakistan ou du Sri Lanka, ainsi que de plusieurs pays occidentaux qui ont souvent soutenu par le passé le combat de M. Nasheed pour la démocratie mais aussi son engagement pour l’environnement.
En 2008, Mohamed Nasheed est devenu le premier président démocratiquement élu des Maldives. Renversé par un coup d’Etat en 2012, il a été condamné à treize ans de prison en 2015 pour des accusations de terrorisme, un verdict dénoncé par les organisations des droits de l’homme comme politiquement motivé. Autorisé à sortir de prison pour suivre un traitement médical, Mohamed Nasheed s’est alors exilé en Grande-Bretagne mais a regagné son pays en 2018. Il est devenu président du Parlement, deuxième plus haute fonction dans la hiérarchie de l’Etat, après les élections de 2019.
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