Il prétend ne pas pouvoir payer la caution de 500 000 euros pour rester en liberté. Aussi craint-il une incarcération ces prochains jours. « Je n’ai plus rien, le régime m’a tout pris », dit d’emblée Moukhtar Abliazov, 58 ans, principal opposant kazakh, réfugié politique en France depuis qu’elle lui a accordé l’asile. L’homme a reçu Le Monde vendredi 30 avril dans un appartement anonyme au centre de Paris, où il vit cloîtré sous la protection constante de son fidèle garde du corps. L’entretien est un peu surréaliste : à la gauche d’Abliazov, qui ne parle que russe et kazakh, son communicant, appliqué et silencieux, prend des notes. Face à lui, l’écran d’un ordinateur portable permet la traduction en visioconférence, assurée en alternance par son fils, depuis Riga (Lettonie), ou par son beau-fils, à Genève.
L’ex-oligarque a été mis en examen le 7 octobre dernier par la juge d’instruction Cécile Meyer-Fabre, sur dénonciation du Kazakhstan, pour « abus de confiance aggravé » et « blanchiment d’abus de confiance aggravé » dans les années 2005-2009, quand il était président du conseil d’administration de BTA, troisième plus grande banque de son pays, dont il était propriétaire à plus de 70 %. Il était alors aussi le personnage le plus riche de ce pays pétrolier d’Asie centrale, mais déjà un ennemi politique personnel du président de l’époque, Noursoultan Nazarbaïev. Le clan de ce dernier continue à tenir d’une main de fer les destinées de l’ancienne république soviétique, très courtisée par les investisseurs occidentaux pour ses ressources (hydrocarbures, uranium, métaux).
Un « grand écart » entre justice et realpolitik
« Les motifs invoqués pour me mettre en examen en France sont inexistants. C’est une décision politique destinée à apaiser les Kazakhs, dénonce M. Abliazov. Ce n’est pas un hasard si elle a été prise une semaine après qu’on m’a accordé le statut de réfugié politique. Juridiquement, le dossier est vide et la juge le sait ». Il souligne « le grand écart » de Paris qui, d’un côté, le poursuit pour des crimes économiques supposés, mais de l’autre lui a finalement accordé l’asile le 29 septembre 2020. Dans sa décision, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) indiquait que les tentatives du Kazakhstan de le faire condamner par la justice française étaient un « détournement de la loi pénale et des instruments fondamentaux de la coopération pénale internationale dans un but politique [portant ainsi] une grave atteinte au principe de confiance mutuelle qui est au cœur de la coopération entre les Etats ».
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