Cela n’a rien coûté à Joe Biden et le voilà désormais sacré champion de la solidarité mondiale dans la guerre contre le Covid-19. C’est en quelques mots le sentiment qui prédominait à Bruxelles, jeudi 6 mai, après l’annonce de Washington de soutenir la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19. « Joe Biden a beau jeu de mettre le sujet sur le tapis, alors qu’une grande partie de sa population est vaccinée, que les Etats-Unis n’ont exporté aucune dose de vaccin jusqu’ici et que plus de la moitié des laboratoires dont les vaccins sont autorisés sont européens », résume un haut fonctionnaire européen. Et en plus, l’administration américaine n’a pas pris la peine d’alerter ses partenaires européens de ses intentions, malgré toutes ses déclarations récentes de vouloir réparer la relation transatlantique après le mandat de Donald Trump.
« Les Etats-Unis n’ont prévenu personne alors qu’on cherchait une solution commune ! », peste une source au sein de l’exécutif français. Et de poursuivre : « C’est habile en communication mais on était bien seuls depuis un an à défendre le vaccin comme bien public mondial. » La décision inattendue, mercredi soir, de Washington a contraint les Européens à réagir. Jusqu’ici réticent, Emmanuel Macron s’est ainsi dit, jeudi, « favorable à ce qu’il y ait cette ouverture de la propriété intellectuelle » tout en ajoutant que, « ce qui rend difficile l’accès aux vaccins aujourd’hui, c’est le transfert de technologie et la capacité à produire. Vous pouvez transférer la propriété intellectuelle à des fabricants pharmaceutiques en Afrique, ils n’ont pas de plate-forme pour produire de l’ARN messager ».
Autoriser l’exportation
Quelques heures plus tôt dans la matinée, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après avoir souligné que le défi majeur aujourd’hui est d’augmenter la production de vaccins, a assuré que « l’Union européenne [UE] est prête à discuter de la façon dont la proposition américaine peut permettre d’atteindre cet objectif ». A l’occasion d’un discours pour l’Institut universitaire européen de Florence, elle a rappelé que, « à court terme », l’urgence était surtout pour les pays producteurs de lever leurs restrictions pour exporter leurs doses… à l’image de ce que fait l’UE, « principal exportateur de vaccins dans le monde ».
« Dans l’immédiat, nous appelons tous les producteurs de vaccins à autoriser l’exportation et à éviter toutes les restrictions susceptibles de perturber les chaînes d’approvisionnement » pharmaceutiques, a insisté l’ancienne ministre allemande. A ce jour, les Européens ont exporté en dehors de l’Union quelque 200 millions de doses, soit autant qu’ils en ont produit pour leur propre consommation. « L’Europe est le continent le plus généreux avec le reste du monde », a défendu Emmanuel Macron, jeudi, rappelant que sur les doses « produites, par exemple chez les Britanniques ou les Américains, il y [en] a [eu] zéro exportée. (…) S’il y a eu un nationalisme vaccinal, il ne faut pas regarder du côté de l’Europe ».
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