Après une semaine de manifestations entachées de violences et dont la répression policière a été condamnée par la communauté internationale, la Colombie se préparait, mercredi 5 mai, à une nouvelle journée de mobilisation contre le gouvernement de droite du président Ivan Duque.
Syndicats, étudiants, indigènes et d’autres secteurs commençaient à se rassembler en début de matinée dans les principales villes du pays, dont Bogota, Medellin et Cali, contre les politiques de santé, d’éducation, de sécurité, et pour dénoncer les abus des forces de l’ordre. La colère contre leurs agissements a donné lieu à de graves violences dans la nuit de mardi à mercredi à Bogota, où trente civils et seize agents ont été blessés lors d’attaques contre des postes de police.
La mobilisation a débuté le 28 avril à l’appel du comité national de grève contre un projet de réforme fiscale, depuis retiré par le président Duque, qui a fait savoir qu’il présenterait un nouveau texte, excluant les points les plus contestés, dont une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les biens et les services, ainsi que l’élargissement de la base d’imposition sur les revenus. Le projet initial a suscité de fortes critiques ; l’opposition, les syndicats et même des représentants du parti au pouvoir estimaient qu’il affectait trop la classe moyenne et le jugeaient inopportun alors que la pandémie a aggravé la crise économique.
Selon le dernier bilan officiel datant de lundi matin, au moins dix-neuf personnes ont été tuées et plus de huit cents blessées lors des différentes manifestations à travers le pays, pour la plupart néanmoins pacifiques. Des ONG locales font état de chiffres plus élevés. L’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis et des organisations de défense des droits humains ont dénoncé mardi un usage disproportionné de la force par la police.
Cinq morts à Cali
La veille au soir à Cali, où des militaires ont été déployés en renfort, des affrontements avaient fait cinq morts et une trentaine de blessés, selon le secrétariat local à la sécurité. Le gouvernement a argué que des dissidents des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), qui ont rejeté l’accord de paix signé en 2016 par l’ex-guérilla, ainsi que l’Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion du pays, et des gangs de narco-trafiquants orchestraient les troubles. Les accès à Cali restaient bloqués mercredi matin par des manifestants, alors que cette ville, la troisième du pays et l’une des plus dangereuses d’Amérique latine, commençait à pâtir de pénuries, notamment de carburants.
Tout en apportant son soutien aux forces de l’ordre, Ivan Duque a affirmé mardi qu’il ouvrirait des « espaces de dialogue » avec les différents secteurs, mais sans en préciser les modalités. Ce président conservateur, dont la popularité est en berne à 33 %, a été confronté à de multiples manifestations depuis 2019, dans un pays miné par près de soixante ans de conflit armé.
La quatrième économie d’Amérique latine est confrontée à sa pire récession en un demi-siècle, avec une chute du produit intérieur brut (PIB) de 6,8 % en 2020 et un chômage officiel de 16,8 % en mars. Alors que près de la moitié de la population active de ce pays de 50 millions d’habitants vit de l’économie informelle, la pauvreté s’est aggravée et touche 42,5 % de la population.
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