Les organisations de défense des droits humains s’y attendaient. La décision, samedi 1er mai, par le Parlement salvadorien, de révoquer les juges du Tribunal constitutionnel et le procureur général, hostiles au président Nayib Bukele, ont confirmé les craintes d’une concentration des pouvoirs aux mains du chef de l’Etat.
Les alliés de M. Bukele, qui avaient emporté la majorité des deux tiers aux élections législatives du 28 février, n’ont pas perdu une seconde : c’est dès leur investiture, samedi, qu’ils ont pris une décision qualifiée de « coup d’Etat » par l’opposition et qui suscite de vives inquiétudes internationales. Le président, accusé d’autoritarisme, contrôle en effet désormais les trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire.
Attaques constantes contre l’Etat de droit
A 64 voix sur 84, les parlementaires ont accusé les magistrats du Tribunal constitutionnel de la Cour suprême d’avoir émis des jugements « arbitraires » et « discriminatoires » en s’opposant, en 2020, à des mesures présidentielles concernant la lutte contre le crime organisé ou la pandémie, qu’ils avaient estimées contraires à la Constitution.
« La destitution des magistrats de la cour constitutionnelle par l’Assemblée est une faculté incontestable exprimée clairement dans l’article 186 de la Constitution de la République », a défendu le président Bukele sur Twitter. Mais l’opposition accuse les parlementaires d’avoir détourné cet article en utilisant des arguments politiques et non légaux à la destitution. « Et le peuple du Salvador, à travers ses représentants, a dit : DESTITUÉS ! », s’est félicité quelques heures plus tard le chef de l’Etat.
Y el pueblo salvadoreño , a través de sus representantes, dijo: ¡DESTITUIDOS!
Jusqu’à samedi, Nayib Bukele ne disposait d’aucun parlementaire à l’Assemblée, n’ayant pas pu inscrire à temps son parti, Nuevas Ideas, avant l’élection présidentielle de 2019 qui l’avait porté au pouvoir. Pendant deux ans, il avait donc gouverné sans majorité, obligé de composer avec les deux partis dominant alors le Parlement, le Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN, gauche) et l’Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite).
Ses attaques constantes contre l’Etat de droit – en février 2020, il avait par exemple fait irruption au Parlement accompagné de militaires et de policiers armés jusqu’aux dents pour faire pression sur les députés – avaient été contrebalancées par des contre-pouvoirs efficaces, parmi lesquels le Tribunal constitutionnel ou le parquet général. L’obtention de la majorité des deux tiers au Parlement faisait craindre qu’il ne cherche à remplacer ses critiques les plus acerbes après l’entrée en fonctions de l’Assemblée. C’est ce qui s’est passé samedi.
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