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« Les enlèvements sont un fait inacceptable » : en Colombie, les ex-chefs des FARC se reconnaissent coupables

L’ex-chef guérilléro FARC Carlos Antonio Lozada, à Bogota, le 23 septembre 2019. L’ex-chef guérilléro FARC Carlos Antonio Lozada, à Bogota, le 23 septembre 2019.

Ils ont tombé le treillis il y a quatre ans. Aujourd’hui, ils reconnaissent leurs crimes. Dans un rapport long de 130 pages, sept anciens chefs guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont reconnu « expressément » leur responsabilité dans les prises d’otages pratiquées par l’organisation armée aujourd’hui démobilisée.

Le document a été adressé vendredi 30 avril aux magistrats de la Juridiction pour la paix (JEP) qui, en janvier, les avait formellement accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, en leur imputant plus de 21 000 enlèvements entre 1990 et 2016 et en détaillant les tortures et traitements dégradants infligés aux victimes. « Les enlèvements sont un fait inacceptable et injustifiable juridiquement et politiquement, dit le rapport des ex-chefs guérilleros. Nier la douleur des victimes n’a jamais été notre intention. »

De l’avis des spécialistes de la justice transitionnelle – l’ensemble des mesures censées permettre à un pays d’affronter un passé de crimes de guerre – et des partisans de la paix négociée, la décision des FARC est « historique ». Mais, vendredi, elle a été largement éclipsée dans les médias par la vague de mobilisation qui, depuis le 28 avril, secoue les grandes villes du pays. Les manifestations qui ont dérapé en actes de vandalisme ont été brutalement réprimées par les forces de l’ordre vendredi soir, en particulier à Cali (ouest), où l’armée a été déployée, et où un bilan non officiel faisait état de 14 morts. L’organisation Human Rights Watch dénombre 35 morts et plusieurs disparus depuis le début des protestations.

Les anciens chefs devraient échapper à la prison

Syndicats, partis de gauche et organisations sociales ont appelé à de nouvelles manifestations pour le samedi 1er mai. Ils entendent faire barrage à la réforme fiscale que le président Ivan Duque (droite) veut faire approuver par le Congrès en pleine pandémie.

Les anciens chefs guérilleros devraient échapper à la prison. L’accord de paix de 2016 qui a créé la JEP prévoit en effet que les auteurs de crimes atroces – qu’ils soient militaires ou guérilleros – seront soumis à des peines alternatives s’ils avouent leurs crimes, demandent pardon et acceptent de dédommager leurs victimes. En janvier, le président du tribunal, Eduardo Cifuentes, déclarait : « Les guérilleros ont rendu leurs armes, ils doivent encore rendre la vérité. » Il appartient maintenant aux magistrats de la JEP de décider des peines applicables aux anciens chefs.

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