Dans son article intitulé « Le complexe de supériorité de la Chine », Alain Frachon écrit : « Dans la mondialisation sinisée, succédant au système international imposé par les États-Unis en 1945, la démocratie libérale n’est pas plus légitime que l’autocratie. » En effet, pourquoi le serait-elle, quand on sait ce qui se cache derrière l’expression « démocratie libérale » ? Le système imposé, c’est bien la traduction de l’impérialisme de la première puissance mondiale qui décide de tout régenter.
Deux siècles plus tôt, à partir des années 1820, la première puissance impérialiste de l’époque, la Grande-Bretagne, a jugé que la Chine devait se soumettre. D’où une succession de guerres sur le territoire chinois qui a duré jusqu’en 1949. Les événements n’ont pas manqué qui ont mis en péril l’intégrité territoriale chinoise et soumis la population de l’Empire du Milieu à un véritable génocide. L’opiomanie s’est répandue, des masses de Chinois ont été obligées d’émigrer pour ne pas mourir de faim. Arrivées aux États-Unis, elles étaient surexploitées et victimes de pogroms.
Aujourd’hui, Washington accuse Pékin de génocide contre les Ouïgours. De la part d’une nation qui a quasiment exterminé les Indiens d’Amérique du Nord, qui a réduit les Noirs américains en esclavage, qui a pratiqué la ségrégation raciale, cela ne manque pas de cynisme. Aujourd’hui, le Royaume-Uni s’empresse de soutenir les États-Unis dans sa croisade contre la Chine et semble avoir perdu la mémoire de ses crimes.
Guerres de l’opium à l’instigation de la Grande-Bretagne, traités inégaux, annexion des ports chinois, concessions internationales, cession forcée de l’île de Hongkong et des Nouveaux Territoires, expédition militaire des Huit nations en 1900, à l’époque de la révolte des Boxers (les « poings de justice ») contre la domination étrangère, etc.: on n’en finirait pas d’énumérer les agressions, dans lesquelles le Japon a pris une large part et dont la Chine a souffert. Après l’invasion japonaise et la guerre civile, la Chine s’est finalement relevée, non pas grâce à la « démocratie libérale » mais bien à son génie propre.
Si l’Occident veut garder à tout prix son hégémonie planétaire, une troisième guerre mondiale sera impossible à éviter. Ce qui signifiera la fin probable de l’humanité. Il serait peut-être temps, pour l’Occident, d’y réfléchir et d’imaginer une forme de coopération où tout le monde serait gagnant. Je crois que c’est Carlyle qui écrivait : « L’humanité sera enfin sage lorsque nous passerons de la compétition dans l’individualisme à l’individualité dans la coopération ».
Maxime Benoît-Jeannin, Bruxelles
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