Publié le : 28/04/2021 – 09:51Modifié le : 28/04/2021 – 10:29
Sept anciens membres des Brigades rouges italiennes, condamnés en Italie pour des actes de terrorisme commis dans les années 1970-1980, ont été interpellés en France mercredi matin, à la demande de l’Italie, a annoncé l’Élysée. Trois autres sont recherchés.
Paris et Rome ressuscitent le dossier des Brigades rouges italiennes. Sept anciens brigadiers rouges, condamnés en Italie pour des actes de terrorisme commis pendant « les années de plomb » des décennies de 1970 et 1980, ont été interpellés en France mercredi 28 avril au matin, à la demande de l’Italie, a annoncé l’Élysée. Trois autres anciens membres de ces groupes sont recherchés
Les autorités italiennes avaient initialement demandé l’extradition de 200 individus mais « un important travail préparatoire bilatéral (…) a conduit à retenir les crimes les plus graves » et les « 10 demandes transmises à la Cour d’appel de Paris entrent strictement dans le cadre de la ‘doctrine Mitterrand’, puisqu’il s’agit de crimes de sang », précise-t-on à l’Élysée.
« Le président [Emmanuel Macron – NDRL] a souhaité régler ce sujet, comme l’Italie le demandait depuis des années », a ajouté l’Élysée.
L’extradition d’activistes d’extrême-gauche venus se réfugier en France après les « années de plomb », marquées par des attentats et des violences des Brigades rouges surtout entre 1968 et 1982, est une demande de l’Italie depuis des années, à laquelle la France n’avait quasiment jamais accédé.
Une décision « innommable » pour l’avocate de cinq arrêtés
L’avocate de cinq des sept ex-brigadiers a dénoncé mercredi cette opération comme une « trahison innommable de la France ». Je suis indignée et je n’ai pas les mots pour décrire cette opération qui s’apparente à une mini-rafle », a déclaré à l’AFP Me Irène Terrel, après l’annonce des arrestations.
L’ancien président socialiste François Mitterrand s’était engagé verbalement en 1985 à ne pas extrader les anciens activistes italiens d’extrême-gauche réfugiés en France, à l’exception de ceux ayant commis des crimes de sang.
Mais depuis les années 2000, le gouvernement français a engagé un dialogue avec les autorités italiennes sur cette question. Les demandes d’extradition présentées par l’Italie, notamment pour des anciens membres des Brigades rouges, sont réexaminées au cas par cas par la justice française, notamment les situations concernant les faits les plus graves.
Pour Me Terrel, scandalisée par la décision de Paris, « c’est la France qui leur a donné l’asile, les autorités, droite et gauche confondues, et non pas François Mitterrand ». « Depuis les années 1980, ces gens-là sont sous la protection de la France, ils ont refait leur vie ici depuis 30 ans, sont installés au vu et au su de tous, avec leurs enfants, leurs petits-enfants… et au petit matin, on vient les chercher, 40 ans après les faits ? », s’est indignée l’avocate.
« C’est innommable et irrecevable en droit », a-t-elle conclu, décidée à contester ces procédures d’extradition.
Parmi ses clients arrêtés mercredi figure notamment Marina Petrella, 66 ans, ex-membre des Brigades rouges condamnée à la prison à vie et à qui la France a accordé l’asile politique. Le président Nicolas Sarkozy s’était opposé en 2008 à son extradition, autorisée par la justice, en raison de son état de santé.
Paris dit « comprendre l’absolu besoin de justice des victimes »
L’Élysée justifie la reprise de ces exigences par le fait que « la France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes. Elle s’inscrit également, à travers cette transmission, dans l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la Justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre ».
Les ex-brigadistes arrêtés doivent être présentés d’ici 48h devant le parquet général de la cour d’appel de Paris, avant qu’un juge ne statue sur leur éventuelle détention ou leur remise en liberté sous contrôle judiciaire. Cela pour le temps de l’examen par la justice des demandes d’extraditions italiennes, a-t-on appris de source judiciaire.
Ce dossier avait resurgi au moment du retour en Italie de Cesare Battisti, capturé en janvier 2019 en Bolivie et extradé en Italie, après près de 40 ans de cavale en France puis au Brésil.
Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini avait alors affirmé que la France abritait depuis des décennies des « assassins ayant tué des innocents » et réclamé le retour en Italie d’ »une quinzaine » de « terroristes italiens », « qui ont été condamnés mais ont la belle vie en France ».
Avec AFP et Reuters
>> À voir aussi : Billet retour : Les années de plomb en Italie, le traumatisme d’une décennie de violences
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