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Le changement de pied du président Erdogan sur la question ouïgoure s’explique par les besoins criants de son économie en berne. Les réserves de change diminuent, le déficit commercial augmente, la livre turque se déprécie et la pandémie de Covid-19 a mis à mal le secteur touristique, l’une de ses principales sources de devises. La Turquie cherche désespérément les financements et les investissements chinois. A l’été 2018, en pleine crise financière, lorsque la valeur de la livre turque a chuté de près de 40 %, le gouvernement turc a reçu 3 milliards d’euros de prêts de la part de la Banque industrielle et commerciale de Chine.
En juin 2019, après la défaite aux municipales du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir depuis 2002), la Banque centrale chinoise a transféré environ 1 milliard de dollars à la Banque centrale de Turquie dans le cadre d’un « accord de swap » (échange de devises) entre les deux pays.
Autre pas vers le renforcement de la coopération financière, depuis 2020, les entreprises turques qui commercent avec la Chine sont autorisées à utiliser le yuan chinois pour leurs paiements. Alors qu’une centaine d’entreprises turques font des affaires en Chine, près de 800 entreprises chinoises sont implantées en Turquie.
Projet pharaonique de canal artificiel
Huawei, le géant chinois des télécommunications, a augmenté ses parts sur le marché turc, passées de 3 % en 2017 à 30 % en 2019. ZTE, une autre entreprise technologique chinoise, a acquis 48 % de Netas, le principal fabricant turc d’équipements de télécommunications, chargé notamment des communications du nouvel aéroport d’Istanbul, ainsi que de la numérisation des données de santé en Turquie.
De par sa position géographique, son poids économique régional, son appartenance à l’OTAN, la Turquie est aussi un maillon important des « nouvelles routes de la soie » du président Xi Jinping. En janvier 2020, un consortium chinois a acheté 51 % du troisième pont reliant l’Europe à l’Asie sur le Bosphore. Cinq ans plus tôt, des entreprises chinoises avaient acheté le port commercial de Kumport, non loin d’Istanbul.
Enfin, le président Erdogan compte sur les investisseurs chinois pour l’aider à réaliser son projet pharaonique, l’ouverture à Istanbul, entre la mer Noire et la mer de Marmara, d’un canal artificiel de navigation censé contourner le Bosphore. Ce chantier, estimé à 25 milliards d’euros, est assorti d’un plan de construction d’une ville nouvelle de plus de 500 000 habitants, baptisée « Kanal Istanbul ».
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