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QazVac, l’inattendu vaccin du Kazakhstan contre le Covid-19

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Un homme prend un selfie alors qu’il reçoit une dose du vaccin QazVac contre le Covid-19, à Almaty, au Kazakhstan, le 27 avril. Un homme prend un selfie alors qu’il reçoit une dose du vaccin QazVac contre le Covid-19, à Almaty, au Kazakhstan, le 27 avril.

Il s’appelle QazVac et avant d’être un atout décisif dans la lutte contre l’épidémie due au coronavirus au Kazakhstan, il constitue d’ores et déjà un motif de fierté nationale. Ce vaccin lancé en grande pompe au début de la semaine – mais largement ignoré du reste du monde – fait entrer ce pays d’Asie centrale dans le cercle très fermé des Etats ayant mis au point leur propre produit anti-Covid.

Jusqu’à présent, la campagne de vaccination nationale (5 % de la population vaccinée) s’appuyait exclusivement sur le russe Spoutnik V, que le Kazakhstan produit sur son sol en vertu d’un accord avec Moscou. Lundi 26 avril, le dispositif s’est renforcé de 50 000 doses de QazVac, livrées aux quatre coins du pays. Au cours d’un rituel désormais bien connu, le ministre de la santé, Alexeï Tsoï, s’est fait inoculer le vaccin sous l’œil des caméras, commentant ce moment d’un tout aussi rituel : « Je me sens très bien ».

Les chiffres sont encore modestes : au Kazakhstan encore plus qu’ailleurs, les capacités de production sont limitées, et pour l’heure largement dévolues à la production de Spoutnik V, y compris pour l’export. Un partenariat est à l’étude avec la Turquie et la construction d’une usine dédiée en projet.

Incertitudes sur le produit

Ce n’est pas la seule des incertitudes qui planent sur ce produit. Comme le Spoutnik V avant lui, le lancement du QazVac se fait avec une certaine hâte. La vaccination de masse commence alors qu’il est encore en phase 3 des essais cliniques, et cette phase se fait avec un nombre de volontaires bien plus restreint que ses concurrents internationaux – moins de 3 000, ce qui reste dans la fourchette basse des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les médias locaux ont d’ailleurs fait part d’un « enregistrement » du QazVac par l’OMS, mais il ne s’agit en fait là que d’une procédure routinière, sans évaluation sur le fond.

Il s’agit d’un vaccin inactivé, du même type que celui développé par les producteurs chinois Sinovac et Sinopharm et par l’institut russe Tchoumakov (CoviVac). Il s’administre en deux doses, et doit être conservé à une température entre 2 et 8 degrés. Selon son concepteur, l’efficacité observée au terme des deux premières phases d’essai clinique est de 96 % (cet indicateur est toutefois mesuré différemment que lors de la phase 3).

L’Institut de recherche pour les problèmes de sécurité biologique (connu aussi sous son acronyme RIBSP, en anglais) avance un autre avantage : l’utilisation d’un virus entier tué permettrait de s’adapter de manière beaucoup plus flexible que d’autres vaccins à l’apparition de variants. « Je connais un peu le RIBSP, avec lequel l’OMS avait une collaboration à propos du développement d’un vaccin inactivé contre la grippe, et c’est un institut qui maîtrise plutôt bien ce genre de technologie », indique Marie-Paule Kieny, virologue et directrice de recherche à l’Inserm. L’expérience de l’institut s’étend aussi à la vaccination contre les grippes aviaire et porcine.

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