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Espoir et désespoir de la diaspora ouïgoure de Turquie

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Selacetin Bura, 14 ans, dont le visage a été couvert pour protéger sa vie privée, au pensionnat d’Oku Uygur, près d’Istanbul, le 19 avril. Selacetin Bura, 14 ans, dont le visage a été couvert pour protéger sa vie privée, au pensionnat d’Oku Uygur, près d’Istanbul, le 19 avril.

Selacettin Bura, un jeune Ouïgour de 14 ans exilé en Turquie, n’a pas revu ses parents depuis cinq ans. Il se souvient de ce jour de 2016 où il a quitté le foyer familial dans la région « autonome » du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, pour ce qu’il pensait être un voyage limité dans le temps.

Ses deux frères aînés voulaient étudier dans une école coranique, « chose interdite chez nous », explique le jeune garçon. Le trio est parti pour l’Egypte. Il était surtout grand temps de fuir la répression infligée par les autorités chinoises à la communauté ouïgoure, turcophone et musulmane.

La vie quotidienne était devenue un enfer, Selacettin le voyait bien. Sa mère ne voulait plus l’envoyer à l’école, refusait de le laisser jouer dans la rue avec les autres gamins. La famille vivait avec la peur au ventre, la peur des rafles, des dénonciations, des arrestations.

L’installation au Caire ne va pas durer. En 2017, il faut à nouveau partir. Un accord d’extradition vient d’être signé entre la Chine et l’Egypte, les Ouïgours ne se sentent plus en sécurité. La fratrie décide de gagner la Turquie, où vit la plus grosse diaspora ouïgoure, forte d’environ 50 000 personnes, organisée en réseaux d’entraide, associations, confréries, et bien tolérée par les autorités turques, qui ne sont pas avares de permis de séjour.

Entre-temps, la répression s’est accentuée au Xinjiang où, d’après les témoignages et les images satellites rassemblés par les experts, plus d’un million de membres de la communauté ouïgoure sont détenus dans des camps. Ceux qui sont en liberté vivent sous la loupe des services, qui les traquent via leurs portables surtout. « Depuis que nous sommes en Turquie, nous n’avons plus aucune nouvelle », soupire Selacettin.

Des élèves jouent au volley-ball dans une cour du pensionnat Oku Uygur Bilig, près d’Istanbul, le 19 avril. Des élèves jouent au volley-ball dans une cour du pensionnat Oku Uygur Bilig, près d’Istanbul, le 19 avril.

Hasan Abdulrahim, 16 ans, est lui arrivé en 2016 en Turquie avec son père pour fuir la répression du régime chinois. Après l’avoir confié à un ami proche, le père est reparti chercher la mère et les autres enfants restés en Chine dans l’attente du renouvellement de leurs passeports. « Il n’est jamais revenu, murmure l’adolescent aux yeux tristes. Je n’ai jamais plus entendu parler de lui. Pareil pour ma mère, mes frères et mes sœurs. J’ignore ce qui leur est arrivé. Ils me manquent terriblement. »

« Donner un cadre »

Chaque famille ouïgoure de Turquie a au moins un de ses membres détenu dans un camp en Chine. Comme Selacettin et Hasan, dix-huit autres jeunes Ouïgours hébergés au foyer Oku Uygur Bilig, un bâtiment flambant neuf situé dans le quartier de Selimpasa, à Silivri, à 80 kilomètres d’Istanbul, sont sans nouvelles de leurs parents depuis des années.

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