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En Ukraine, l’ombre de la Russie plane sur Kharkiv

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Centre-ville de Kharkiv, en Ukraine, le 22 avril 2021. Centre-ville de Kharkiv, en Ukraine, le 22 avril 2021.

Le sang-froid des habitants de Kharkiv surprend, de prime abord. Le président russe, Vladimir Poutine, a massé, ces dernières semaines, une armada de plus de 100 000 soldats équipés d’un arsenal offensif jamais vu à proximité de l’Ukraine. Mais, en ce jour ensoleillé, jeudi 22 avril, la vie suit un cours paisible dans la ville ukrainienne, située à 25 kilomètres de la frontière russe, et peu d’entre eux sont au courant que le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, vient d’annoncer la fin des « manœuvres militaires » et un « retrait partiel » des troupes.

Les nombreux étudiants de cette ville de 1,4 million d’habitants saturent les terrasses de café, les mères promènent leurs poussettes et le député du Parlement municipal Andreï Lesik, 39 ans, s’époumone, fidèle à la ligne du Kremlin. « La Russie a le droit de déplacer son armée où elle veut ! Ce n’est pas un agresseur, c’est notre peuple frère… Elle n’a jamais livré ni armes ni soldats aux républiques populaires de Donetsk et de Lougansk [à 200 kilomètres au sud de Kharkiv]. Notre pays a “donné” la Crimée et est piloté depuis l’ambassade des Etats-Unis à Kiev », explique fiévreusement au Monde ce responsable local du parti Plate-forme d’opposition-Pour la vie (« OPZJ », en ukrainien). La veille, il se démenait tout aussi énergiquement devant un tribunal de Kharkiv où le service de sécurité d’Ukraine, le SBU, le poursuit pour haute trahison et violence à l’encontre d’un de ses agents. Sur le qui-vive, le SBU avait arrêté, tôt dans la matinée, 60 militants de l’OPZJ, convergeant dans quatre minibus vers Kharkiv.

Les autorités ukrainiennes craignent une répétition du scénario de février 2014, lorsque des militants pro-russes, bâtons en main, avaient pris le contrôle du gouvernement régional, préfigurant ce qui allait se réaliser dans les semaines suivantes à Donetsk et à Lougansk. D’abord les poings, ensuite les canons, qui ne se sont depuis jamais tus. Le conflit a fait 14 000 morts en sept ans. Mais, pour Andreï Lesik, les 60 militants « venaient simplement préparer la victoire du 9 mai [1945], repeindre et déposer des fleurs sur les monuments ». Son parti, l’OPZJ, est dirigé par Victor Medvedtchouk, un riche homme d’affaires et ami intime de Vladimir Poutine. Principal vecteur de l’influence russe dans le jeu politique ukrainien, il est, depuis début avril, sous le coup d’un procès pour haute trahison.

Guerre hybride

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