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Face aux négociations sur le nucléaire iranien, Israël risque l’isolement

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Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou durant la cérémonie de prestation de serment à la Knesset à Jérusalem, le 6 avril. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou durant la cérémonie de prestation de serment à la Knesset à Jérusalem, le 6 avril.

Il fut un temps où Israël savait garder un secret. Cela n’a pas été le cas après le sabotage du site nucléaire iranien de Natanz, le 11 avril. Dans les heures qui ont suivi la révélation de cette opération par Téhéran, des officiels israéliens s’empressaient de la revendiquer dans la presse, sous le couvert de l’anonymat. Cherchaient-ils ouvertement à torpiller les négociations internationales qui se relançaient à Vienne sur le dossier nucléaire iranien, suivies de près par l’allié américain ?

Le fait est que l’Etat hébreu et Washington mènent, dans cette période délicate, des politiques divergentes, qui paraissent à terme inconciliables. L’administration démocrate de Joe Biden se fait fort de raviver rapidement l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, que le président Trump a dénoncé en 2018. Face aux violations multiples par l’Iran de ses engagements depuis le printemps 2019, elle cherche à « remettre le programme nucléaire iranien dans sa boîte » et à endiguer une crise encore réversible.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou, pour sa part, paraît vouloir persévérer dans la politique de « pression maximale », conçue dès 2018 en étroite collaboration avec l’administration Trump, comme si celui-ci n’avait jamais quitté la Maison Blanche. « Pour le gouvernement israélien, la pression doit être maintenue. Cela n’a pas contraint l’Iran à changer de comportement, mais sa logique impose de ne pas dialoguer avec Téhéran », déplore Ephraïm Halevy, ancien directeur du Mossad. Ce cap est maintenu sans qu’Israël ait clarifié ses objectifs, sans qu’il affiche d’alternative ou de plan de sortie de crise, et désormais sans discrétion.

L’Etat hébreu rompt avec sa « doctrine d’opacité »

En s’exprimant sur l’attaque de Natanz, l’Etat hébreu a rompu avec la « doctrine d’opacité » appliquée à son propre programme nucléaire depuis les années 1960, et adoptée pour la guerre secrète qu’il mène contre l’Iran. Cette doctrine lui impose de ne confirmer ni nier ses opérations clandestines dans le pays. Elle accorde à Téhéran une marge d’incertitude et réduit la nécessité d’une riposte.

Le 12 avril, le ministre de la défense, Benny Gantz, rival politique de M. Nétanyahou, critiquait lui-même « le sérieux bavardage qui nuit à nos forces et à la sécurité de l’Etat. » M. Gantz a été jusqu’à demander au procureur général du pays de commanditer une enquête sur ces fuites au renseignement intérieur, estimant qu’il s’agissant d’« un comportement irresponsable. S’il est causé par des intérêts personnels ou politiques, cela est très sérieux à mes yeux. »

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