Agences de notation: les géants américains font la pluie et le beau temps

Trois agences de notation de crédit américaines, Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s (S&P) font la pluie et le beau temps sur le paysage économique européen. Ces monstres centenaires détiennent ensemble plus de 90% de part de marché en 2020, contre 87% en 2012, selon l’Autorité européenne des marchés financiers. La dépendance est totale. Ce sont par exemple les notes qu’elles attribuent aux titres de dettes et qui déterminent leurs achats sur les marchés par la Banque centrale européenne (BCE).

Elles ont été montrées du doigt dans la crise des subprimes en 2007: S&P et Moody’s ont accordé des notations favorables aux fonds de titrisation – ces créances douteuses qui ont fragilisé les comptes des banques, puis fait basculer l’économie mondiale. D’autres dénoncent une méthodologie construite sur des critères inadaptés au tissu industriel européen, principalement familial, et aux levées de fonds européennes plus modestes. D’autant que leur système de notation est procyclique, ce qui a tendance à aggraver les crises: quand l’économie va mal, les notes baissent, ce qui réduit d’autant la capacité de refinancement des banques. Mais depuis la dégradation en flèche de la note de 400 entreprises européennes par Fitch en janvier 2020, la BCE a pris ses distances avec les agences en élargissant ses critères.

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91 % du marché européen de la notation est détenu par trois firmes américaines

De son côté, l’Autorité européenne a condamné cinq filiales de Moody’s à une amende de 3,2 millions d’euros, fin mars, pour avoir enfreint les règles d’indépendance fixées par le régulateur. En Europe, une trentaine d’agences de notation spécialisées existe à l’ombre des Big Three. Mais la consolidation du secteur favorise pour l’instant les anglo-saxons : Moody’s a racheté l’agence de notation ISR française Vigeo Eiris en 2019 et Hearst a englouti Fitch – dont le français Fimalac était actionnaire – en 2018.

NOS CHAMPIONS
L’agence franco-allemande Scope Ratings, cofondée par les industriels germaniques et implantée dans sept pays européens, veut relever le gant. Elle vient de racheter la branche notation de l’assureur-crédit Euler Hermes, et regarde de près d’autres activités chez les concurrents. Mais avec ses 250 employés, elle ne fait pas le poids face aux 11.000 collaborateurs d’un Moody’s. De même pour l’agence franco-espagnole Inbonis Ratings, dont l’entrepreneur Charles Beigbeder est un des investisseurs; ou encore la française Qivalio, qui veut s’imposer sur le marché florissant de la notation extra-financière ISR.