Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, milite pour un plus large retour au travail dans la sérénité. Et lui-même se montre bien moins clivant dans ses propos qu’il y a un an, lors du premier confinement. Il aborde avec un esprit visiblement plus consensuel et une certaine volonté d’apaisement, la réunion organisée, ce jeudi 22 avril, par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Elisabeth Borne, ministre du Travail. Cette rencontre avec patronat et syndicats doit permettre de dessiner les conditions des réouvertures de la mi-mai.
A l’occasion de la visite d’une entreprise qui propose des solutions d’assainissement des lieux de travail, ce mardi 20 avril, Geoffroy Roux de Bézieux a ainsi reconnu que les aides obtenues par les entreprises pour compenser les chutes d’activité « sont assez satisfaisantes, même si elles ne couvrent pas tout ». « On a été largement compensé financièrement pour les restrictions sanitaires », a-t-il ajouté.
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Atterrissage en douceur
Il souhaite toutefois que la baisse des aides, qu’il s’agisse des sommes octroyées aux PME et TPE par le fonds de solidarité ou par le biais du chômage partiel, se produise en douceur. « Il faut réduire le ‘quoi qu’il
En prévision de cette rencontre, Geoffroy Roux de Bézieux a également appelé à « relâcher les contraintes » sur l’économie : « Mieux vaut travailler avec des restrictions, en mode dégradé, que de ne pas travailler », a-t-il martelé. En privé, le responsable patronal estime que le gouvernement va devoir acter certaines réouvertures, quels que soient les secteurs concernés, le 15 mai prochain, dès lors que cette date a été avancée par le président de la République. D’autant qu’il existe, souligne-t-il, « une boîte à outils » qui faisait défaut il y a un an, afin de relancer des activités de bureaux, mais aussi dans les salles de sport, les théâtres et les salles de spectacle.
Tunnel de désinfection
Un diagnostic partagé par Geoffroy Roux de Bézieux après qu’il a lui-même testé, ce mardi 20 avril, dans un centre de démonstration de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), plusieurs solutions de BeLifeline, groupement de deux sociétés qui commercialise notamment un sas mais aussi un tunnel gonflable de désinfection. « Ces équipements font partie d’une panoplie dont on a besoin pour lutter contre le virus », a expliqué le patron des patrons. Il a indiqué qu’il étudierait par exemple la possibilité d’utiliser l’un de ces dispositifs pour la traditionnelle rencontre organisée par le Medef avant la rentrée de septembre.
Ce choix d’un affichage pragmatique, réaliste, presque consensuel, tranche avec la manière dont Geoffroy Roux de Bézieux était entré dans la crise. Il y a un an, alors que la sortie du premier confinement ne s’esquissait pas encore, le patron des patrons avait jugé qu’ « il (faudrait) bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire ». Les propos tenus à plusieurs reprises, jusqu’à la fin de l’été, avaient provoqué une levée de boucliers syndicale –les organisations de salariés décelant en filigrane une remise en cause des 35 heures.
Modulation sur le télétravail
De la même manière le président du Medef a modulé ses sorties contre le télétravail. Il a répété fin mars son souhait que les entreprises puissent maintenir un jour de « soupape » par semaine, pendant lequel les salariés doivent, selon lui, revenir sur leurs lieux de travail. Mais alors que l’accord interprofessionnel sur le télétravail, signé entre patronat et syndicat, vient de prendre force de loi par un arrêté du 2 avril, Geoffroy Roux de Bézieux reconnaît: « On a trouvé un équilibre aujourd’hui [sur ce sujet] grâce au dialogue social au sein des entreprises. »
Si le patron des patrons arrondit ainsi les angles, c’est parce qu’il dresse le constat que les Français sont à la peine, après une année de crise sanitaire. Le Medef ne peut donc guère prendre l’initiative de relancer un débat vif et tranchant dans le champ social, au risque sinon d’apparaître comme un fauteur de troubles. Dès lors que l’exécutif s’est lui-même mis sous pression pour les réouvertures, il juge plus judicieux d’accompagner le mouvement, plutôt que de crisper les discussions en tentant de passer en force.
En outre, si le premier confinement pouvait paraître, il y a un an, comme un mauvais -mais bref- moment à passer, le dirigeant du Medef sait désormais qu’il faudra « vivre et travailler avec le virus » dans la durée. L’objectif à court terme est donc moins la sortie de la pandémie que la fin du cycle des confinements – déconfinements. « On ne peut pas continuer à avoir des « stop and go » et des confinements éternellement, sinon on ne s’en remettra pas », pointe Geoffroy Roux de Bézieux.
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