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Dans une tribune publiée par Le Monde dans son édition du 15 avril, l’eurodéputé Yannick Jadot détaille la stratégie à adopter pour contenir l’agressivité croissante des régimes autoritaires actuellement au pouvoir en Chine, en Turquie et en Russie. Si la description de l’attitude et des actions inamicales de ces Etats par le leader d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) peut être partagée, tout comme l’affirmation, bienvenue, que ces enjeux de politique étrangère doivent devenir l’un des thèmes majeurs de l’élection de 2022, là s’arrête notre convergence de vue avec le député européen.
Car, contrairement à l’affirmation de ce dernier, l’arrivée des Verts au pouvoir en Allemagne à l’automne 2021, si elle était combinée à celle des écologistes en France en 2022, contribuerait à tout sauf à créer les conditions de l’émergence d’une politique extérieure et de défense commune européenne, et encore moins à juguler les appétits de puissance des acteurs internationaux (Chine, Russie) ou régionaux (Turquie, Iran) qui n’hésitent plus à utiliser la force pour s’affirmer.
Sans révision profonde de la doctrine des partis écologistes, cela constituerait même un moyen certain pour ces compétiteurs stratégiques de creuser l’écart avec l’Europe, dont la place à la table des puissances mondiales est peu assurée si elle ne fait pas de sa défense un objectif majeur.
Une culture de « retenue militaire »
Malgré ce constat, le programme des Verts allemands – Bündnis 90/Die Grünen – en matière de défense et de sécurité est aux antipodes de ce que doit faire notre continent s’il veut endosser les attributs de la puissance. Fortement marqué par les concepts de « fin de l’histoire » et de promotion de « la paix par le développement », ce programme semble écrit au tournant des années 1990 et son anachronisme saute aux yeux. Il s’inscrit dans un environnement stratégique où le spectre de la conflictualité s’étend tout comme l’usage de stratégies hybrides, du recours à des « proxies », de l’emploi du chantage géopolitique, de la guerre informationnelle, des agressions numériques, de « l’arsenalisation » de l’espace, ou de la « dronisation » du champ de bataille.
Malgré ces nouveaux défis, la politique de sécurité et de défense allemande devrait, selon les Verts allemands, suivre trois principes : paix, désarmement et sécurité coopérative. Face aux nouvelles crises, qu’elles soient de nature sécuritaire ou humanitaire, les Verts proposent plus généralement une culture de « retenue militaire ». Celle-ci devrait être obtenue par une politique de prévention et de développement en évitant tout déclenchement de crise et de guerre.
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