Veolia veut mettre les bouchées doubles pour clore dès le début de l’automne son OPA sur Suez, qui a admis mardi s’être résolu à un « compromis » après n’avoir pu « échapper » à l’attaque menée par son rival.
Les deux frères ennemis du traitement de l’eau et des déchets ont mis fin lundi à un bras de fer de huit mois, via un accord de principe qui prévoit que Veolia absorbe une bonne part de Suez.
« La voie est déblayée avec les accords, et même le rythme est accéléré, parce que la collaboration entre les équipes de Suez et Veolia va permettre de traiter plus rapidement l’ensemble des démarches vis-à-vis des autorités de concurrence », a estimé mardi Antoine Frérot, le PDG de Veolia qui a mené tambour battant la bataille pour avaler Suez.
« La solution que nous proposons règle le problème de concurrence et donc je pense que, à la fin du mois de juin, nous aurons la liste des remèdes souhaités par l’autorité de la concurrence. Et donc l’OPA pourrait être close au début de l’automne », a-t-il jugé.
De son côté, le directeur général de Suez, Bertrand Camus, a estimé mardi qu’il fallait « encore un an pour boucler cette opération ».
S’exprimant pour la première fois depuis l’accord trouvé avec Veolia, il a admis que son groupe avait dû faire « un compromis, tout n’est pas parfait, mais il était temps d’arriver à cette solution ».
Evoquant le raid mené par son rival, Bertrand Camus a affirmé: « nous nous sommes battus avec la claire détermination d’y échapper. A un moment, la réalité s’impose, notamment le fait qu’ils aient pu acquérir 29,9% de Suez, qui a été une étape très importante et qui change un peu les données de cette OPA depuis le début ».
Mais le directeur général de Suez a également mis en avant que « ce qui était très important, c’est qu’après ces 7-8 mois de bataille, on arrive à s’asseoir et à trouver un compromis ».
– « on passe à l’avenir » –
Même ton d’apaisement chez Antoine Frérot: « le temps de l’affrontement est derrière nous, on passe à l’avenir. C’est le temps de la construction, du rapprochement ».
Le patron de Veolia a ainsi énuméré les cinq grands chantiers industriels dans lequel le nouveau groupe fusionné cherchera à investir.
Recycler du plastique; garantir la qualité de l’air dans les écoles, les supermarchés, les grands magasins et les bureaux; « capturer » le carbone pour lutter contre les émissions; construire une « grande usine de recyclage des batteries électriques »; et enfin lancer un grand chantier liant « énergie-agriculture-alimentation »: « comment nourrir avec moins d’eau, moins d’énergie et moins de sol », a égréné Antoine Frérot.
« Il faut se projeter vers l’avenir », a également admis Bertrand Camus.
L’accord trouvé entre Suez et Veolia « préserve leur ancrage français » et « donne de la clarté aux salariés », a salué mardi sur France Culture le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, qui a dit s’exprimer en tant que « citoyen ».
« Le dialogue est toujours une meilleure solution pour régler les problèmes économiques que l’invective », a-t-il jugé.
L’accord trouvé prévoit notamment quatre ans de maintien de l’emploi et des acquis sociaux dans le nouveau Suez, c’est à dire ce qui restera du groupe centenaire une fois une bonne part de ses actifs rachetés par Veolia.
Veolia va acquérir une large partie des activités de Suez à l’international pour peser, au total, 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
En parallèle, le futur Suez, largement concentré sur la France, sera repris par des actionnaires majoritairement français et fera moins de la moitié de la taille du groupe actuel, soit de l’ordre de 7 milliards de revenus sur les 17 milliards enregistrés en 2020.
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