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La polémique ne cesse d’enfler outre-Manche. Le gouvernement britannique a annoncé, lundi 12 avril, avoir ordonné une enquête indépendante sur le lobbying mené par l’ex-premier ministre conservateur, David Cameron, au profit de la société financière en faillite Greensill qu’il avait rejointe en 2018 comme conseiller spécial.
Après des semaines de silence et les révélations du Financial Times et du Sunday Times sur les relations très intéressées qu’a entretenues l’ex-dirigeant avec le financier Lex Greensill – dont la société Greensill Capital vient de se déclarer en faillite, mettant en péril des milliers d’emplois dans l’acier européen –, M. Cameron a reconnu dimanche avoir commis des erreurs mais a assuré n’avoir violé « ni code de conduite ni règle du gouvernement ». Il est apparu que M. Cameron a donné, à partir de 2011, en toute opacité, un accès sans réserve à Downing Street à M. Greensill.
Cette enquête, commandée par le premier ministre Boris Johnson au nom de « l’intérêt public » et confiée à un expert juridique, se penchera sur la manière dont les contrats ont été obtenus par Greensill et « comment des représentants d’affaires se sont mis en rapport avec le gouvernement », a déclaré un porte-parole de Downing Street.
Greensill Capital, spécialisée dans les prêts à court terme, a déposé le bilan début mars, mettant notamment en danger certains de ses clients, comme l’empire de l’acier du milliardaire Sanjeev Gupta, GFG Alliance. Sa chute a ébranlé la classe politique britannique en raison du rôle joué par David Cameron au profit de l’entreprise, créée par le banquier australien Lex Greensill.
Contacts avec des membres du gouvernement
Ce dernier avait été embauché à Downing Street quand M. Cameron dirigeait le gouvernement (2010-2016) et la presse britannique a relevé des contrats obtenus par son entreprise ensuite par le biais de politiques qu’il avait contribué à mettre en place. Lui ont notamment été reprochés des contacts avec des membres du gouvernement, dont l’actuel ministre des finances, Rishi Sunak, en faveur de Greensill ou le ministre de la santé, Matt Hancock.
« Je reconnais, en tant qu’ancien premier ministre, que les communications avec le gouvernement doivent avoir lieu exclusivement par les canaux les plus formels, afin qu’il n’y ait pas de place à une mauvaise interprétation », a déclaré David Cameron dans un communiqué dimanche. Face aux mises en cause, le ministère des finances a publié plusieurs messages envoyés en avril dernier par Rishi Sunak à M. Cameron, où il dit notamment avoir « poussé son équipe » à étudier une requête de M. Cameron.
Une instance de supervision du lobbying parlementaire a estimé que l’ex-premier ministre n’avait pas enfreint de règles en contactant directement un ministre ou de hauts fonctionnaires. Greensill avait été agréée pour émettre des prêts gouvernementaux garantis par l’Etat dans le cadre du programme destiné aux grandes entreprises. Sa chute met au bord de l’insolvabilité GFG Alliance, qui emploie 5 000 personnes au Royaume-Uni et 35 000 autres dans le monde, avec notamment des sites en France comme l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve (Nord) et l’usine de rails d’Hayange (Moselle).
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