En plein coeur des Classiques, le champion du monde français Julian Alaphilippe a pris le temps de se confier sur l’antenne de RMC, ce dimanche dans le RMC Sport Show. De ses ambitions avec sa « Dream Team », Deceuninck-Quick Step, jusqu’au prochain Tour de France en passant par les JO de Tokyo et sa future paternité, le coureur tricolore n’a esquivé aucune question.
Julian Alaphilippe, comment allez-vous ?
Ça va bien. J’ai essayé de récupérer après le Tour des Flandres. Je suis dans un gros bloc d’entrainement pour préparer au mieux les classiques ardennaises.
Quel bilan faites-vous après les Monuments, Milan-San Remo et le Tour des Flandres ?
C’est un bon début de saison, je suis content de ma forme. J’ai tenté le tout pour le tout sur le Milan-San Remo. Il n’y avait pas la victoire au bout mais j’ai donné le maximum. Sur le Tour des Flandres, on a fait une course d’équipe parfaite. C’était une grosse victoire de la part de mon coéquipier Kasper Asgreen, qui était aussi un leader de l’équipe. On savait qu’il était venu pour gagner. Il a prouvé qu’il était tout simplement plus fort. Donc c’est une campagne de Classiques plus que réussie pour l’équipe. Ça me donne envie de faire aussi bien pour les Ardennaises.
Ça vous a donné de la confiance d’être dans le coup jusqu’à la fin du Milan-San Remo, ou même sur le Tour des Flandres où vous êtes aussi là à 30 km de l’arrivée…
C’est vrai que j’ai pris beaucoup de plaisir sur le Tour des Flandres. C’était un pari un peu risqué de vouloir y participer en sachant que je dois être performant jusqu’à la fin des classiques ardennaises, jusqu’à Liège-Bastogne-Liège. Il n’y a pas énormément de coureurs qui ont opté pour ce choix-là. Je pense avoir plutôt bien géré ma forme jusqu’à maintenant. Je me suis fait plaisir sur le Tour des Flandres, même si j’étais un peu limite à la fin et que j’ai coincé. L’objectif principal était rempli avec la victoire de mon coéquipier Kasper Asgreen. Maintenant j’ai vraiment à cœur de me faire plaisir et de faire ça bien sur les classiques ardennaises.
« Je ne me considère pas comme un ogre »
Beaucoup vous attendaient avec Van der Poel et Van Aert. Finalement, beaucoup plus de coureurs peuvent jouer la gagne…
C’est plus au niveau des médias. On a beaucoup parlé des trois ogres, même si moi je ne me considère pas du tout comme un ogre. Le début de saison de Mathieu Van der Poel et de Wout Van Aert a été assez impressionnant, ils étaient tout le temps là, ils ont gagné pas mal de courses, on était souvent parmi les favoris. Mais une victoire de Jasper Stuyven sur Milan-San Remo prouve aussi que le peloton est très fort, avec pas mal de coureurs capables de s’imposer, même sur les plus grandes courses. Il n’a pas volé sa victoire, il a attaqué au moment où tout le monde était à bloc et ça a marché pour lui. Sur le Tour des Flandres, on avait à cœur de ne pas se louper, on savait que ça allait être compliqué mais on avait beaucoup confiance en Kasper (Asgreen). Quand on voit la manière dont il s’est imposé c’est vraiment mérité.
Vous êtes en pleine préparation pour les Ardennaises. Ces classiques sont-elles un vrai objectif ? Allez-vous monter l’ambition d’un cran ?
Bien sûr, ça ne sert à rien de cacher ses ambitions. Ce sont des courses qui m’ont toujours plu. Je les prépare depuis un petit moment. J’ai essayé de gérer au mieux pour que ma forme arrive à point. Que ce soit sur l’Amstel, la Flèche ou Liège, même si j’ai peut-être une petite préférence pour Liège-Bastogne-Liège, c’est quand même un gros bloc qui est très important pour l’équipe et pour moi aussi. J’espère que ça va marcher. J’aurai donné le maximum.
Ces courses ardennaises vous sont-elles plus favorables que les courses flandriennes?
Ce sont des courses où j’ai tout de suite eu de bons résultats, même lors de ma première participation. J’ai découvert les classiques flandriennes seulement l’année dernière. Si on regarde le profil d’une classique, les Ardennaises me correspondent plus mais j’ai aussi toujours été attiré par le Tour des Flandres que j’ai découvert l’année dernière et où j’ai pris énormément de plaisir avant de tomber dans le final. Ce n’est pas toujours évident de jongler entre les deux en termes de timing. On veut forcément être en grande condition pour participer à ces courses-là, parce qu’elles demandent beaucoup d’énergie. J’étais content sur le Tour des Flandres, même si je n’ai pas joué les premiers rôles pour la victoire. Des courses qui me plaisent beaucoup vont arriver. Je mise beaucoup dessus.
Comment s’organisera votre calendrier après les Ardennaises ?
Je suis vraiment concentré sur les trois courses qui vont arriver. Après Liège, ce sera une période avec un peu plus de repos. Je vais faire quelques jours sans vélo, voire une semaine, pour me reposer au maximum. Et après reprendre l’entrainement avec des reconnaissances de certaines étapes du Tour de France, un stage en altitude de trois semaines. Après on sera vite au Dauphiné.
Sur le Tour de France justement, quels seront vos objectifs ?
Il y en a plusieurs mais l’objectif principal est de se faire plaisir et d’honorer mon maillot. Ce serait vraiment quelque chose de fort de gagner une étape du Tour de France avec le maillot de champion du monde sur le dos. On va donner le maximum, on verra au jour le jour. Ce n’est pas notre état d’esprit de courir le classement général. J’aurai à cœur d’être au top de ma forme. On va voir comment ça se déroule pour cibler un peu les objectifs.
L’enchainement entre le Tour de France et les Jeux olympiques sera très rapide. Est-ce que vous y pensez un peu ?
On y pense beaucoup. C’est un événement, une course importante. Mais ces courses arrivent tard, je suis vraiment concentré sur les classiques ardennaises. Après je vais pouvoir me poser un peu et voir comment je vais gérer cette deuxième partie de saison, avec le Tour de France et les JO. L’enchainement est important, il faudra bien gérer sa condition.
Votre coéquipier Remco Evenepoel vient de signer un contrat historique de cinq ans chez Deceuninck-Quick Step. Est-ce qu’une telle durée pourrait vous intéresser pour une prolongation ? Estimez-vous que ces engament sur le très long terme vont arriver de plus en plus souvent ?
Je ne sais pas mais c’est plutôt bon signe. Ça prouve que les sponsors font confiance. Quand on voit un coureur comme Remco qui est très prometteur sur les courses à étapes, c’est une grosse marque de confiance de la part de Patrick Lefévère, notre patron, mais aussi de la part de nos sponsors qui nous suivent depuis des années. En règle générale, quand des contrats aussi longs sont signés, c’est toujours bon signe. Je ne dis pas que ça me fait envie mais quand on peut signer plusieurs années, c’est toujours intéressant pour être un peu plus relax dans la tête et pouvoir préparer ses objectifs plus sereinement.
« Le maillot arc-en-ciel apporte de la pression et un peu de stress »
Des rumeurs envoient Peter Sagan dans votre équipe l’année prochaine. Votre équipe serait potentiellement une Dream Team…
On l’a déjà depuis un petit moment. On a l’habitude de gagner beaucoup de courses, on a beaucoup de jeunes coureurs qui sont déjà très forts et qui ont toujours envie d’apprendre. Pour l’instant, tout va bien, on a une belle équipe. Concernant les rumeurs de transferts, je ne suis au courant de rien, ce sont les managers et les coureurs concernés qui ont les réponses. Je ne peux rien vous dire à ce sujet-là.
Michael Schär a été exclu du Tour des Flandres pour un jet de bidon hors-zone. Quelle est votre réaction sur cette nouvelle règle ?
C’est un peu dur. Je suis d’accord pour respecter les règles. Si on peut faire un effort au niveau de la pollution avec les papiers, les bidons… Les jeter dans une zone réglementée est vraiment une bonne chose. Tout le monde l’a compris et a adopté la règle assez facilement. Concernant Michael, c’est un peu dommage pour lui. Il a dû réaliser deux secondes après avoir jeté son bidon. Ce sont encore des habitudes qu’on a de donner les bidons aux spectateurs. Malheureusement ils n’étaient pas dans la zone réglementée. C’est un peu dur mais l’UCI a simplement appliqué le nouveau règlement. Il faut vraiment que ça entre dans les mœurs, qu’on s’y habitue. Au sujet de la pollution, je suis content de ne pas retrouver des bidons, partout sur le parcours durant une étape. L’adaptation au règlement doit aussi venir de nous.
Vous nous avez confié l’envie de gagner un Monument avec le maillot arc-en-ciel. Rajoute-t-il une pression supplémentaire ?
C’est un honneur, mais ça apporte forcément de la pression et un peu de stress parce qu’on a toujours envie de bien faire. C’est un maillot qui donne beaucoup de bonheur mais qui se respecte. Tout le monde rêve de le voir briller. Quand on le porte, on a envie de gagner des courses. Il y a peut-être un peu plus de pression derrière ça, mais pour l’instant j’arrive à m’en détacher. Je suis quand même assez content de mon début de saison, d’avoir pu gagner une étape sur le Tirreno. La saison n’est pas finie, je vais arriver sur les classiques et sur le Tour de France. Ce seront des souvenirs gravés à vie de participer au Tour avec le maillot de champion du monde sur les épaules. En étant devenu papa depuis quelques semaines, ça va être des grands moments.
Vous nous tendez la perche avec la paternité. Est-ce que Julian Alaphilippe prévoit dans son calendrier un congé paternité lorsque votre enfant naîtra ?
Non, il n’y aura pas de congé paternité (rires). On sait tous que ce métier de coureur cycliste est un peu à part. Ce qui est sûr, c’est que je vais prendre le temps de savourer et faire le maximum pour être un très bon papa. Le vélo, c’est mon métier mais il faut savoir profiter de ces moments-là dans la vie. Pour le moment, ça tombe bien, juste après le Dauphiné et avant le Tour de France, donc j’espère avoir le temps d’en profiter au maximum.
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