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Des ONG et une rescapée ouïgoure ont déposé plainte en France, vendredi 9 avril, contre quatre multinationales de l’habillement, accusées de tirer profit du travail forcé imposé à la minorité musulmane turcophone des Ouïgours en Chine.
Sont accusés de « recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité » les sociétés Inditex (propriétaire de la marque Zara), Uniqlo, SMCP (Sandro, Maje…) et le chausseur de sport Skechers. Cette plainte a été déposée par l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et une femme ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang. Cette région située dans le nord-ouest de la Chine représente près d’un cinquième de la production mondiale de coton et fournit de nombreux géants de l’habillement.
Vêtements et chaussures fabriqués dans des camps
Sur la base d’un rapport publié en mars 2020 par l’ONG australienne Australian Strategic Policy Institute (ASPI) sur le recours au travail forcé de la minorité ouïgoure, les plaignants demandent à la justice française d’enquêter sur ces entreprises qui « continueraient d’y sous-traiter une partie de leur production ou de commercialiser des biens utilisant du coton produit dans la région, se rendant complices des graves crimes qui y sont perpétrés ». Les associations estiment vraisemblable la commercialisation, par ces quatre sociétés, de vêtements ou de chaussures fabriqués en totalité, ou pour partie, dans des usines où des Ouïgours sont soumis au travail forcé. Elles estiment aussi qu’elles ne justifient pas d’efforts suffisants pour s’assurer que leurs sous-traitants ne sont pas impliqués dans les persécutions de cette minorité. La plainte, déposée à Paris par l’avocat William Bourdon, « est la première d’une série qui se déploiera dans les prochains mois dans d’autres pays européens ».
Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, évoquent un « génocide » dont seraient victimes les Ouïgours. Des ONG de défense des droits humains accusent Pékin d’avoir interné depuis 2017 plus d’un million d’entre eux dans des centres de rééducation politique. Un chiffre démenti par le régime communiste, qui assure qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les Ouïgours de l’islamisme et du séparatisme, après une série d’attentats qui leur ont été attribués.
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