A première vue, c’est le cadet de leurs soucis. Les Français semblent se moquer de l’inflation, « qui fait partie des sujets les plus secondaires », résume Gaël Sliman, le président d’Odoxa. Dans le sondage réalisé pour Challenges (voir ci-dessous), l’inflation arrive seulement au neuvième rang de leurs préoccupations, distancée par la santé, de très loin le souci numéro un. Rien à voir avec nos voisins allemands, obsédés par le risque d’envolée des prix.
Pourtant, les Français s’en soucient à leur manière en plaçant le pouvoir d’achat en deuxième position, un sujet qui dépend, certes, de l’évolution des revenus mais aussi de celle des prix. Surtout, ils sont convaincus que les étiquettes valsent beaucoup plus que dans l’indice Insee. En moyenne, ils estiment sa hausse à 2,6 %, alors que le dernier pointage officiel, en mars, affiche 1,1 % sur un an, après une accélération liée au rebond du cours du pétrole.
Pendant le confinement, l’indice des prix ne fonctionne plus
Plus des deux tiers des personnes interrogées affirment même que la hausse des prix a été supérieure à 5 %, soit dix fois plus que le chiffre moyen (0,5 %) constaté sur l’année 2020. Une surestimation systématique depuis l’euro : plus de deux tiers des Français pensent ainsi que le prix de
Ce ressenti de l’inflation s’est accentué lors des confinements, avec 88 % des sondés convaincus que les prix ont dérapé pendant cette période. A nouveau, l’indice officiel de l’Insee dit le contraire. Mais les consommateurs n’ont pas tort, à en croire les experts de la Banque de France : dans une étude récente, ils démontrent que dans la France confinée l’indice des prix ne fonctionne plus. « Les deux confinements ont déformé, de manière temporaire, la structure de la consommation des ménages », indiquent-ils, relevant que la part de l’alimentaire a atteint un tiers des dépenses, deux fois plus qu’en 2019. Et l’alimentaire a tendance à flamber... Ces économistes ont donc calculé un « indice des prix alternatif » prenant en compte ce nouveau panier de la ménagère. Résultat : un surcroît d’inflation, qui a atteint jusqu’à 1,1 point, en avril 2020.
Certes, il n’y a pas encore péril en la demeure. Mais les Français ont bien senti le danger inflationniste dans leurs dépenses quotidiennes. Gaël Sliman y voit un clignotant à surveiller : « Avec la préoccupation du pouvoir d’achat et le sentiment que les prix ont flambé depuis la crise sanitaire, l’inflation pourrait redevenir l’un des sujets clés des mois et années à venir. »
]
L’article Les Français se moquent-ils vraiment de l’inflation? est apparu en premier sur zimo news.