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L’extension d’un élevage pourrait conduire à la production de… 800.000 poulets par an !

Alors que 22.000 volailles s’entassent déjà dans son exploitation, un éleveur du Pas-de-Calais a entamé des démarches pour quintupler sa production annuelle de poulets. Un non-sens, selon l’association L214 qui dévoile des images tournées sur les lieux, pointant l’absurdité du projet tant pour les animaux que pour l’éleveur lui-même. La Fondation 30 Millions d’Amis continue d’exiger de la part du ministre de l’Agriculture un plan de sortie du modèle intensif.

Toujours plus ! Si l’on se réfère à la demande d’extension déposée à la Préfecture du Pas-de-Calais par un éleveur basé à Pihem (62), ce dernier envisage de construire sur son terrain deux bâtiments supplémentaires – accueillant plus de 50.000 poulets chacun – dans l’objectif de quintupler sa production de volailles. L’exploitation pourrait ainsi atteindre jusqu’à 800.000 poulets par an. Dénonçant ce projet démesuré, l’association L214 dévoile des images tournées sur place en mars 2021. On y aperçoit des oiseaux entassés dans un hangar fermé, éclairés par de la lumière artificielle. Déplumés, boiteux, certains volatiles peinent à se déplacer pour atteindre les mangeoires, d’autres gisent au sol parmi les fientes et les cadavres de leurs congénères. La densité des animaux – 21 par m² selon les lanceurs d’alerte – ainsi que la sélection génétique d’individus à croissance rapide, seraient les causes principales des souffrances constatées dans cet élevage intensif.

Déplumés, boiteux, certains volatiles peinent à se déplacer pour atteindre les mangeoires. ©L214

Un endettement colossal pour l’exploitant ?

Au-delà des conditions infligées aux animaux, L214 met également en cause l’absurdité du projet… pour l’éleveur lui-même. Pour la réalisation de l’extension, l’exploitant serait contraint d’emprunter pas moins de 1,4 million d’euros sur 12 ans, s’engageant à rembourser mensuellement la somme colossale de 10.500 €. Le salaire qu’il pourrait alors espérer se verser serait, selon les hypothèses les plus favorables, dérisoire : 9.600 € par an, soit 800 euros par mois… Attendu de surcroît qu’en 2019, l’éleveur – déjà écrasé par des charges en hausse – n’a dégagé aucun revenu. Le projet fait d’ailleurs l’objet de « réserves » de la part du commissaire enquêteur chargé d’étudier le dossier (dont l’avis général demeure néanmoins « favorable »), dont l’une porte précisément sur la capacité financière de l’exploitant : « Aucune offre de prêt, malgré la demande du C.E [commissaire enquêteur], ni globale ni partielle validée par une banque ne permet de démontrer la capacité de la Sarl à investir, et ce, à chaque stade du projet ». Pour autant, le dossier de demande d’autorisation conclut à la rentabilité du projet.
 
C’est le préfet du Pas-de-Calais, Louis Le Franc, qui devra prendre la décision finale d’autoriser – ou non – cette extension qui exposera notamment les riverains à une forte augmentation de la circulation des camions liés à l’exploitation du site (109 poids lourds supplémentaires par an !). « Qui a intérêt à ce que cet élevage délirant à tout point de vue voie le jour ? La banque, ici la BNP Paribas, et le groupe agro-industriel belge Spoormans qui vend les poussins et l’alimentation à l’éleveur et qui fixe le prix pour lui racheter ses poulets. On nage en plein délire, dénonce Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de L214. Aujourd’hui, le dossier est entre les mains du préfet et nous pouvons faire barrage en signant la pétition pour s’opposer à ce projet d’élevage intensif. Pour les animaux, pour l’environnement, pour la santé publique et, j’ai aussi envie de dire, pour l’éleveur ! ».

Des projets d’extension toujours plus nombreux

Alors que le rôle actif des élevages intensifs dans l’émergence de zoonoses [maladies d’origine animale transmissibles aux humains, NDLR] est clairement établi par la communauté scientifique – qui alerte sur le risque de futures pandémies plus mortelles que la Covid-19 – les projets d’extension tels que celui de Pihem (62) tendraient malgré tout à se multiplier, à l’instar de la demande formulée par un exploitant de Steenwerck (Nord) visant là-encore à atteindre une production de 800.000 poulets par an. Un projet pourtant validé par la préfecture malgré l’opposition des riverains, des associations… et mêmes des politiques locaux (26/03/2021). Sur l’ensemble du territoire métropolitain, l’association L214 dénombre à ce jour près d’une cinquantaine de projets d’agrandissement ou de construction d’élevages intensifs (volailles mais aussi cochons, bovins et poissons).
 
Plus de 8 Français sur 10 s’opposent à l’élevage intensif (baromètre Fondation 30 Millions d’Amis /Ifop, 2021*) qui concerne en moyenne 80 % des animaux abattus dans notre pays. Les citoyens se saisissent de ce sujet qui leur tient à cœur, en témoigne le Référendum d’Initiative Partagée pour les animaux – soutenu par la Fondation 30 Millions d’Amis – qui a déjà recueilli plus de 925.000 promesses de signatures ainsi que le soutien de 151 parlementaires. La Fondation 30 Millions d’Amis appelle le gouvernement d’Emmanuel Macron à proposer d’urgence un plan de sortie de ce modèle agricole, désormais obsolète et indésirable tant du point de vue du bien-être animal que de celui des éleveurs et de la sécurité sanitaire de nos concitoyens.

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